Cheval de trois, trous de balles et chiens de fusil

Blessé, traqué, en sursis, je ne peux que fuir mes ex collègues et rivaux assassins. Seulement une heure devant moi, trop peu de temps pour, hélas, leur échapper de manière durable. Je ne peux donc que leur faire face, fuyant la ville sous une pluie faisant très Blade Runner, abandonnant peu à peu ses néons fluorescents. Et déjà, ils sont là.


Car il est déjà six heures et le contrat sur ma tête devient effectif. Les règles, et les conséquences que je dois assumer pour les avoir enfreintes. Et je frappe. Je tire, je prends tout ce qui se présente à mes mains, tant dans une bibliothèque que dans une armurerie. Dans un festival d'adrénaline, de sang, de membres cassés et de d'exécutions ultra graphiques qui font vraiment mal et qui, dans le même temps et en certaines occasions, n'auront jamais autant ressemblé à du cartoon.


Chad Stahelski en profite pour revenir, de manière fugace, sur mon passé, le temps d'une confrontation avec une Angelica Huston qui claque, en pleine répétition de ballet. Tout comme il fait jour de nouveaux engagements, de nouvelles dettes scellées par le sang. Les règles et leurs conséquences, encore...


A l'occasion de ce Parabellum, je ne me serai sans doute jamais autant montré si inventif et incroyable dans mon démasticage. Tout d'abord à moto, puis à cheval, dans une séquence trop brève mais transpirant le charisme. Puis à l'occasion d'une internationalisation de mon récit, tout d'abord en pleine nuit arabe, puis teinté des ocres et des bleus les plus purs. Je croise une amie, pour qui aime bien, châtie bien, qui lance ses chiens quand on lui cherche des poux dans la tête. Elle est toujours aussi superbe et crève l'écran, Halle. Et notre duo fonctionne du tonnerre. Le temps d'une baston ultra spectaculaire qui, à nouveau, fait autant jubiler qu'elle stupéfie et fait ressentir la douleur.


Avant de revenir dans cette ville de cauchemar, dans cet hôtel assiégé. Je subis les assauts blindés, les attaques de quelques élèves tout droit évadés de The Raid, dans un crescendo voisinant de plus en plus dangereusement une certaine forme de folie. Cascades renversantes, interactions multiples, plastique parfois à tomber par terre, surtout dans une nouvelle galerie des glaces entre tradition asiatique et modernisme high tech, chaque plan millimétré semble vouloir surpasser le précédent. Tout comme mon avant dernier adversaire, achevant de signer une escapade en terre orientale, s'imposant comme un personnage haut en couleurs empruntant les traits d'un Mark Dacascos revigoré. Même si une ou deux incartades humoristiques s'imposent, en forme de première un poil bancale dans ma saga.


Parabellum me voit en forme d'icône indestructible. Je ne correctionne plus : je disperse, je ventile dans un ravissement et une inventivité de chaque instant... Avant de me rendre compte, comme à regret, que je ne suis finalement que le jouet de la Grande Table et de tous ceux que je rencontre. Appelé que je suis à reprendre du service, peut être indéfiniment. Et même si à l'issue de ce Parabellum des plus jouissifs et revigorants, mon univers s'est étendu de manière tentaculaire, il aurait peut être fallu apporter une note finale à mon opéra meurtrier et hargneux, en forme de magnum opus du film d'action made in Hollywood.


Car après trois épisodes de (très) haute volée, n'est-il pas légitime d'avoir peur de bastonner dans le vide ?


Behind_the_Mask, John Couic.

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le 22 mai 2019

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