Quel plaisir de retrouver notre agent secret préféré ! Et pourtant quelque chose dissone…une forme de réserve face à ce qui est projeté. Johnny English contre-attaque mérite-t-il le déplacement ? Oui car il y a Rowan Atkinson qui, comme à son habitude, brille de mille feux burlesques. Où est le problème alors ? Dans tout le reste. Les acteurs environnants livrent des prestations inégales allant du correct – Ben Miller, Emma Thompson – à l’insipide – Olga Kurylenko est invisible, Jake Lacy grotesque –, le scénario semble croiser Baywatch et Die Hard 4, cultive incohérences et grossièretés d’écriture en tout genre, la mise en scène charcute ses plans, produit une esthétique tape-à-l’œil jamais intelligente. Trop rarement distinguée aussi, ce qui aurait été nécessaire en vue du charme anglais que distille English. Rien n’est fluide, pourtant le film file à toute vitesse. Un hachoir sur la table de montage et voilà tout un talent comique et burlesque qui s’effondre : aussitôt entrés dans une scène nous en sortons, malgré notre bonne volonté, pour y revenir ensuite, quelques secondes ayant entre-temps passé, quelques secondes passeront bientôt – inconfort quand tu nous tiens !
L’idée de charger le personnage principal d’une symbolique old school versus les nouvelles technologies est très intéressante mais si mal traitée ! En somme, le burlador a revêtu son armure moyenâgeuse et se mue avec difficulté – exception faite d’une scène sous excitants avec, notamment, une danse irrésistible à la Mr. Bean – parmi l’inertie générale. Enchaînement de sketchs pas très drôles, dont le comique tombe souvent à plat en raison d'une mise en scène impropre qui n'a aucun sens du rythme, et vulgairement reliés mais ayant le mérite, si mérite il faut trouver, de mettre en valeur Atkinson dans son génie comique tout simplement remarquable et unique. On ne peut lui en vouloir car il assure, à lui seul, le spectacle ; mais il méritait mieux. Tellement mieux.