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Est-ce que Johnny Mnemonic est un bon film ? Non. Les décors sont laids, les acteurs se sont lancés dans un concours de celui qui jouaient le plus mal, on se demande d'ailleurs ce que foutent la moitié d'entre eux ici (Takeshi Kitano et Dolph Lundgren en tête), le scénario n'est pas des plus passionnants, c'est filmé d'une manière très quelconque… de toute façon, dès l'introduction avec le texte d'explication, je sentais bien qu'il y allait avoir un problème, c'est rarement bon signe (même Star Wars ne fait pas tant exception à la règle que ça).

Pourtant, j'ai aimé ce film car je suis quelqu'un de simple (vous devriez le savoir si vous lisez régulièrement mes critiques). En fait, il suffit qu'un long-métrage soit bourré d'idées (pas forcément tout le temps bonnes) pour que j'y trouve mon compte… et pour le coup, Johnny Mnemonic est bourré à ras-la-gueule de bonnes idées. Dans le lot, on retrouve un lasso laser qui permet de couper tout et n'importe quoi, un casque de réalité virtuelle qui permet de rentrer dans l'internet (carrément !), on peut s'ajouter de la mémoire (bon après passer de 80 à 160 Go en 2021, c'est un peu limite)… Les deux meilleurs trucs du film sont le dauphin télépathe (merci à John C. Lilly d'exister) et Dolph Lundgren, qui joue un prêcheur (bon déjà WTF ?! Que-ce que ça fout dans un film cyberpunk ?), qui, en plus de jouer n'importe comment, possède une capacité spéciale lui permettant de crucifier ses ennemis. Mieux encore, il y a une scène opposant Dolph Lungren au dauphin télépathe… franchement, je suis sûr qu'ils ont fait cette scène juste pour la blague « Dolph vs Dolphin », je ne vois pas comment c'est possible sinon.

De toute façon, je ressors satisfait de mon visionnage de Johnny Mnemonic pour une raison très simple : il m'a donné envie de m'intéresser à l'univers de William Gibson, le scénariste du film et accessoirement l'auteur de la nouvelle qui a servi de support pour l'adaptation. Étant quelqu'un d'inculte, je ne connaissais pas trop cet auteur jusque-là, juste de nom et surtout pour la couverture de son romain le Neuromancien (couverture qui a servi d'inspiration pour une scène à la fin d'ailleurs), et le hasard des choses a fait que je suis tombé sur une interview de lui pile-poil juste après avoir regardé le film. Bon par contre, à ce qui paraît, plus on aime William Gibson, moins on apprécie le film dont il est question ici tant ça ne rendrait pas justice à son univers. Serez-vous surpris si je vous révèle qu'il a renié son propre scénario ?

Autre qualité extrinsèque du long-métrage : il a inspiré Deus Ex Human Revolution et a contribué à la mise en œuvre du premier Matrix (le film a essentiellement servi de modèle aux investisseurs pour que ces mêmes investisseurs puissent savoir de quoi Matrix allait parler). Ce qui nous donne deux bonnes raisons pour saluer son existence… d'ailleurs, Keanu Reeves interprète un certain Monsieur Smith.

Bref, le film n'est pas ouf… mais il est unique !… tellement unique que le réalisateur a, heureusement pour nous, arrêté le cinéma. De toute façon, un film publié en 1995, mais qui se passe en 2021, en Chine, avec un virus mortel qui circule, et la moitié de la population qui porte des masques… franchement, rien que pour ça, même si le 2021 dépeint dans le film n'a rien à voir avec notre réalité, je suis heureux de l'avoir vu (il m'en faut peu, je sais).