Daté. Cheap. Ce sont les deux principaux adjectifs qui me viennent en tête quand je repense à Johnny Mnemonic. Daté. Cheap.

Daté et cheap pour les effets spéciaux, complètements foireux la plupart du temps. Oui, c'est sorti en 1995. Deux ans après Jurassic Park, rappelons-le. Les passages dans le cyber-espace sont foireux et les derniers du film font penser aux horreurs que proposait Le Cobaye, sorti en 1992.

Les décors, quant à eux font penser à plein d'autres films de la même époque : Judge Dredd, Double Dragon, Mario Bros, même Waterworld pour certains passages. L'esthétique globale du film a le parfum de cette décennie où peu de monde arrivait à visualiser ce que pouvait être le futur des technologies de l'information.

Mais il n'y a pas que l'aspect visuel qui nous ramène en arrière, non. L'ensemble du film est imprégné d'une certaine patte, un style qui n'a réellement existé qu'à cette époque. Le traitement des personnages, la manière de filmer, le rythme que le réalisateur impose au film. Ces éléments sont la marque de fabrique de cette époque et des films qui en sortent. Cette filiation marque profondément Johnny Mnemonic, comme une tâche de naissance en plein sur la gueule, le genre qu'on ne peut pas oublier.

Et à côté de ça, on passe à côté de tout l'intérêt de l'histoire.La malades liée à des implants dans le corps? C'est l'enjeu du film, mais on en parle très peu et on ne voit sa conséquence que dans une scène. La présence des multinationales et la façon dont elles ont remplacé les gouvernements? Même pas suggéré, il faut se rendre compte soi-même que, non, on ne voit aucun flic dans cette histoire. Le fossé qui se creuse entre riches et pauvres? Pareil survolé de loin.

Au final, l'univers de ce film est creux, vide de consistance. Et ce décor en carton-pâte mal fichu ne sert pas les personnages comme il le devrait. Ils nous apparaissent plus artificiels encore. Ce n'est pas difficile tellement ils sont stéréotypés. Comme des personnages des 90's, on y revient toujours. Décidément, ce film a au moins le mérite de parfaitement représenter son époque.

C'est vraiment dommage, car je suis sûr que la matière première ne manque pas d'intérêt. Je n'ai pas encore lu la nouvelle qui est à l'origine du film (elle est dans ma bibliothèque, je m'attaque bientôt au recueil), mais les autres écrits de Gibson sont à des années-lumière de ce film. Son style gorgé de détails, ses personnages sans concession car sacrément marqué par la vie... Rien n'y est. Gibson a été trahi. Et assez salement.
karibou77
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le 9 juil. 2014

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