Johnny s'en va-t-en guerre par Eggdoll

Un sujet poignant : un jeune homme de 20 ans se retrouve, à la suite de la Grande Guerre, mutilé, et plus précisément manchot, cul-de-jatte, défiguré, aveugle, sourd et muet. Pourquoi alors le garder vivant ? Pour l'étudier, pour en faire un cas scientifique (même si on ne voit absolument personne l'étudier dans le film...). Il ne reste donc à Johnny que la pensée, grâce à laquelle il se souvient de sa vie passée et parvient même, finalement, à communiquer avec ceux qui l'entourent.

« Ça, c'est un film qui promet », me suis-je dit. Et effectivement c'est assez dur à regarder, avec une réalisation très sobre et qui prend son temps. Malheureusement, on prend un peu trop son temps, et si on réussit à se plonger dans le film, il faut avouer qu'il ne s'y passe pas grand-chose et qu'on ne peut s'empêcher de s'ennuyer un peu. Les flashbacks sont touchants mais n'apportent pas toujours grand-chose, même s'ils ont évidemment pour but de nous montrer ce qui reste du héros, ce qui le fait, le rôle du souvenir face au néant présent – ce qui est indubitablement intéressant.
Autre problème : les acteurs. Il est vrai qu'on ne voit pas énormément Johnny, puisqu'il est là pendant la moitié du film couvert de pansements, mais j'ai trouvé son jeu d'acteur, le reste du temps, assez moyennement convaincant, de même pour sa petite amie Kareen. J'admets aussi la difficulté de jouer une simple voix ; et l'acteur s'en sort plutôt pas mal quand on ne voit pas sa grande face niaise inexpressive.

Il reste de tout ceci un film choc, réquisitoire contre la guerre sans doute, qui ne peut pas laisser insensible, mais qui eût pu être, je crois, bien meilleur.

Ah et, pour finir : je peste contre les jaquettes qui nous livrent la fin du film dans leur foutu résumé, nous laissant croire que ce n'est pas la fin et qu'il va se passer plein d'autres trucs. Non mais franchement, qui fait ces machins ? Je proteste vigoureusement, j'ai boudé mon plaisir à cause de ça aussi.