Kill me, kill me, kill me

Les plus :

Un film qui prend aux tripes jusqu'à la dernière image qui reste gravée dans les rétines. La mise en scène est classique mais toujours juste. La force du film réside principalement dans son sujet de ce jeune soldat réduit à l'impuissance. Difficile de dire ce qui marque le plus: les scènes en noir et blanc où Johnny n'est plus qu'un corps tronqué autour duquel médecins et infirmières s'agitent en ignorant totalement ses états d'âme scandés par la voix de Timothy Bottoms. Ou l'aspect onirique parfois mystique des scènes qui suivent la conscience de ce jeune soldat qui ne peut s'évader que par l'esprit. L'intégration du fantastique ou de la religion dans des scènes de souvenirs d'un jeune homme banal est assez bluffante. Les comédiens y sont pour beaucoup. Timothy Bottoms a ce petit côté de jeune homme innocent mais à côté de la plaque comme dans "la dernière séance". Il livre une prestation impressionnante en véhiculant des émotions intenses uniquement par sa voix. Celui qui incarne son père est truculent. Donald Shuterland en Jésus-Christ livre une prestation tout aussi savoureuse.

Les moins :

C'est peut-être parce que j'avais tellement entendu parler du film et que je m'étais forgée ma propre image de Johnny mais j'ai été déstabilisé par l'aspect du malade. Notamment ce masque sur le visage censé cacher un trou béant et des blessures profondes alors que tout autour son front et son torse sont tout lisses tout beaux sans aucune cicatrice. L'aspect médical tout entier est assez peu crédible. Pourquoi maintenir ce jeune homme en vie ? De fait tout le film a un aspect démonstratif assumé, il se termine d'ailleurs par la conclusion écrite dénonçant des horreurs de la guerre. Idem de l'infirmière sainte nitouche parfaite qui m'a paraît plus énervante que touchante.

Malgré cet aspect de film à concept qui m'est d'habitude rébarbatif, j'ai été totalement transporté par le film, d'une force incroyable, qui explore la psychée et brouille les pistes entre rêves, souvenirs et réalité avec une simplicité poignante.