Hey Jude
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le 7 févr. 2020
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Un film drôle, hilarant même parfois, qui saura parler de cette période sombre avec humour via les yeux d’un enfant. Le procédé fera donc beaucoup penser à La Vie est belle de Benigni, en lui étant complémentaire puisque cette fois on a le point de vue d’un enfant Nazi. Tout en restant bien ancré dans l’univers de Waititi, que ce soit dans l’exubérance des personnages, l’humour noir, l’innocence du regard, la dynamique entre les personnages. Outre l’approche, la principale différence entre les deux films sera que là où Benigni voulait nous faire rire à travers le drame, Waititi n’hésite pas à se montrer extrêmement cynique, voire même provocatif, vis-à-vis de l’idéologie nazisme et de ses préjugés.
C’est d’ailleurs assez intéressant, car on pourrait presque voir Jojo comme la personnification des nazis modernes, qui recrachent bêtement ce qu’on leur a appris ou parce qu’ils ont été élevés dans un environnement qui les bassinait avec ces idées. Est-ce que Waititi pense, avec un optimisme presque naïf, qu’il y a la possibilité de leur faire ouvrir les yeux et de leur montrer toutes les horreurs que ce courant de penser a perpétré et transmis ? Au-delà même de cette idéologie, le film pose la question sur l’identité personnelle et de l’héritage, savoir si nous sommes ce dans quoi on baigne dans notre enfance, que nos préjugés ne font pas de nous forcément des partisans et qu’il y a possibilité d’en sorti.
Le rythme sera un peu inégal, entre une premier partie riche avant que le film ne s’assoupisse un peu quand Jojo découvre Elsa, pour redémarre lors de son dernier acte marqué par la mort de Rosie, la mère. Aussi brutale que violente, cette scène nous ramène brusquement à la réalité et enclenche la dernière partie, qui se veut presque mélancolique par moment. Je pense notamment à cet entêtements de certains des personnages, cette résignation chez d’autres. Toutefois, malgré son rythme inégal, le film réussira à nous tenir jusqu’à la fin, sans vraiment de longueur.
La scène où Elsa est découverte, sortie tout droit d’un film d’horreur, l’inspection de la Gestapo qui nous met en apnée pendant cinq bonnes minutes, Rosie qui essaye d’ouvrir les yeux de son fils sans lui montrer la réalité sordide du monde.
Le casting est plutôt bon dans l’ensemble. J’ai beaucoup aimé le tandem Sam Rockwell et Alfie Allen, qui sont tout simplement fabuleux dans chacune de leurs scènes. Un peu moins fan de Rebel Wilson toutefois, qui ne m’a pas vraiment convaincu. Agréablement surpris par Scarlett Johansson qui montre une bonne prestation dans l’ensemble avec plusieurs facettes intéressantes de son personnage et une sorte d’espièglerie qui lui est propre. Tout comme Thomasin McKenzie qui exprime énormément par son regard, avec une belle nuance et une complicité avec Roman Griffin Davis, qui est LA révélation du film. Bluffant du début à la fin, il porte le film avec une énergie à revendre, mais aussi beaucoup de subtilité et de nuance dans son personnage, c’est vraiment incroyable pour un aussi jeune âge.
Techniquement, pas grand-chose à redire. La musique restera dans l’ensemble assez discrète, en dehors de la bande-son qui revient de temps en temps (mais souvent sans vraiment de raison particulière). En revanche, le générique d’intro sur fond de I Want to Hold Your Hand, ça, c’est un choix couillu qui nous met dans le bain d’entrée. Les décors sont plutôt bons sur le film, mais j’ai beaucoup aimé la maison de Jojo et sa géographie très claire. Quant à la mise en scène, il n’y aura rien de vraiment extraordinaire en dehors de quelques plans/scènes bien vues
(encore une fois, quand Jojo découvre sa mère),
mais il en sort très souvent une poésie mélancolique qui renforce le récit.
Bref, le film est très drôle, intéressant dans les propos qu’il aborde. Tout comme celui de Begnini, je pense que c’est le genre de film à montrer aux enfants pour leur expliquer cette période sombre de l’Histoire.
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Créée
le 7 févr. 2020
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