La folie,
Mais quelle folie ?
Celle d’une société dénuée de sens ? celle d’un homme terrassé par son passé ?
Et le combo des 2 ça donnerait quoi ?
Une explosion follement libératrice, recrachant à la face du monde ce qu’elle ne souhaite pas voir et la naissance d’un personnage idolâtrement détestable :
THE JOKER
C’est beau la folie.
Preuve en est cette photographie tutoyant le sublime, ces scènes déjà mythiques d’un Joaquin Phoenix obligatoirement oscarisé, dansant follement dans la solitude et la pénombre puis dans la lumière, embrasé de joie, dévalant les escaliers d’une Gotham en proie à la révolte.
Et que dire de ce FOU rire, capable de vous mettre en état de sidération.
Mais comment rendre alors appréciable le détestable ? La réponse Todd Phillips l’a trouvé : l’empathie.
Comprendre ce que vit la personne, pourquoi en arriver là, pourquoi tout bonnement sombrer dans la folie ? Tout cela est distillé de manière forte, sans caricature, sans fioriture, par un Todds Philips sorti de nulle part, qui vient de réaliser un des chefs d’œuvre de ces 10 dernières années.
Comment ne pas ressentir de compassion envers un homme rejeté par sa différence, sa classe sociale et son histoire de vie chaotique ? Cela vous prend directement aux tripes et un sentiment de révolte s’installe en vous, alors que dans le même temps, le meurtre, la sociopathie et le dégoût s’installe.
Sentiment schizophrénique me diriez-vous ?
Mais est-ce aussi schizophrénique que cette élite qui fait semblant de ne pas voir, qui laisse pour compte les invisibles, qui vous fait sentir coupable en cas d’égarement, coupable de quoi ?
De ne pas pouvoir être « comme monsieur tout le monde », boulot, dodo, consommation, procréation, mariage et surtout ne pose pas de questions ! Ce n’était pas faute d’essayer, de coller à la réalité, de fantasmer la réalité d’une vie de couple rêvé, mais la folie était encore une fois la première arrivée.
En revanche, cette fois, le soulèvement de questions demandant des réponses arrivent enfin dans une réalité.
Le peuple d’en bas assimilé à des clowns (des sans dents, fainéants, beaufs d’extrême droite ?) se rebelle, avec la figure détestable d’un possible père, Thomas Wayne, candidat à la mairie d’un Gotham asphyxié par la corruption, l’individualisme et la recherche de l’entre soi. Un père faussement espéré, trahi par la seule qu’il pensait aimer et qui finira joyeusement asphyxié.
Un triple meurtre survient, sur des jeunes hommes représentatif d'une élite détestée, qui nous place encore un peu plus dans ce sentiment ambivalent, comment souhaiter l’impensable,la compassion et la cruauté. La cruauté, la bestialité, s'exprime d'ailleurs de manière désincarné dans l’assassinat de son ancien compère de travail, ou seul le "différent" pouvant comprendre son ressentiment sera épargné.
La folie prend alors encore plus d' ampleur dans le dernier acte, Arthur, libéré de sa camisole chimique, laissant son délire psychotique proliférer, abat alors la figure de ce Talk Show Hanounesque qu’il vénérait tant, représentatif d’une Gotham amenant un individu à la déficience mentale.
Sentiment Schizophrénique encore une fois, plaisir coupable et malaise d’un meurtre savamment orchestré avec froideur, en direct devant un public au coefficient intellectuel altéré.
Et enfin l’apothéose dans ce délire jouissif de rébellion, ou tous les plans s’enchaînent dans une ambiance de noirceur et de jeux de lumières d’une beauté éclatante, sublimé par un irrémédiable psycho sourire sanguinolent…
Et Quoi de plus logique que d’épiloguer là ou on enferme la folie, ou elle se cache, loin des yeux de la norme établie par nos maîtres,
ARKHAM ASYLUM vous souhaite la bienvenue.
Mais au fait, après tout ça, elle est de quel côté la folie ?