As my plastic surgeon always said when you got to go, go with a smile !
Tel fût prononcer cette phrase par le grand Jack en 1989 dans le Batman de Tim Burton !
Et il semble effectivement que le rire peut tout guérir...


C’est l’histoire d’Arthur Fleck, comédien raté sans histoire vivant chez sa mère à Gotham City.
Il travaille comme clown, a un certain problème mental et mène une vie morose en marge de la société, qui empire quand il est confronté à cette dernière...


Le film a fait l’objet d’une communication efficace depuis quasiment 1 an, un acteur confirmé à la clé, un nouveau design original ainsi qu’un réalisateur somme toute surprenant : Todd Phillips, connu pour sa trilogie culte Very Bad Trip.
La hype a atteint des sommets, la mienne à commencer à monter en flèche après l’annonce d’un film sombre, réaliste et psychologique.


Phillips, au même titre qu’un Peter Farrelly (Green Book, sur les routes du sud) ou un Adrian Lyne (L’échelle de Jacob), sort de sa zone de confort pour s’aventurer sur le terrain boueux et semé d’embûches du film de super-héros.


Phillips s’est occupé de réinventer le mythe du joker à sa sauce, ancré dans notre réalité. Même si le cahier des charges pour ce genre de film est bondé, c’est l’esprit subversif de ce Phillips qui l’emporte donnant du crédit à la fameuse folie du Joker.


Trêve de bavardage, on est parti pour les points positifs et négatifs - bien que la zone négative risque d’être bien vide - et il y aura bien évidemment une ZONE SPOILER


Ce qui est (beaucoup trop !) cool !



  • Joaquin Phœnix, juste lui ! Quelques mois de régime intense pour être aussi maigre, une journée entière à chercher un rire pour convaincre Phillips qu’il est fait pour le rôle, des journées entières à apprendre à danser, le résultat : un acteur magistral au sommet de sa gloire mêlant parfaitement morosité ponctuée par un rire handicapant et nerveux, jamais un personnage représentant la folie n’avait été aussi charismatique depuis Heath Ledger, si ce dernier est le meilleur des Joker côté comics, côté réalisme c’est Phœnix qui remporte la palme. C’est la société qui le pousse à bout, et Arthur malgré ses divergences sociales, fera tout de même preuve de civilité avant et même pendant sa descente aux enfers. Oscar du meilleur acteur, je ne vois que ça !

  • Les références aux films new-yorkais, de Taxi Driver (1976) : personnage marginal trop gentil qui devient un anti-héros, l’imitation du flingue sur la tempe, la solitude, scène de massacre, entouré par la folie... ; La Valse des Pantins (1983) : personnage qui cherche à devenir humoriste, croyant pouvoir faire carrière dans le talk-show que tout le monde regarde, en vain jusqu’à en devenir fou, et note amusante j’avais l’impression durant tout le film que ce bon vieux dingo de Rupert Pupkin (joué par De Niro à l’époque) avait enfin fait carrière au profit de Jerry Langford (joué par feu Jerry Lewis) ; et mon dernier petit chouchou Maniac (1980) par son ambiance et certaines scènes comme l’attente devant l’hôpital, la scène choc du métro, la consécration dans les toilettes du métro et le malaise maternel qui entoure Arthur.

  • La séquence d’entrée du film : travelling avant vers un miroir où Arthur se maquille tentant tant bien que mal de rire/se faire sourire, c’est un plan symbolique : le miroir reflète le tiraillement de la personnalité d’Arthur entre rire et tristesse. Suivi d’un plan d’ensemble sur une rue ressemblant au Bronx où Arthur travaille, le réalisateur le place parmi tout ces humains marchant dans tous les sens tel des fourmis comme quoi n’importe qui est voué à exister avant de se centrer sur Arthur seul enjoué de la foule qui n’a pas sa place dans ce décor fade, gris, maussade voire triste. On en est à quelques petites minutes de film et on nous pose directement les bases essentielles du film. Simple et efficace

  • Cette bon dieu de photographie, toujours efficace dans l’ombre comme la lumière pourtant le palmarès du directeur de la photographie ne paye pas de mine (trilogie Very Bad Trip) mais il était également à l’affiche du dernier Godzilla salué par les critiques quasiment que pour ses images superbes ! Ces plans d’Arthur errant miséreux n’est pas sans rappeler les déambulations déprimées de Tim Robbins dans L’échelle de Jacob, Phillips finira d’ailleurs par jouer sur le contraste lumière/ombre en inversant leurs symboliques premières afin de détourner la notion de bien et de mal. Intelligemment utilisé tout simplement.


ZONE SPOILER



  • En plus de l’aspect de thriller psychologique, il est important de noter le côté comédie noire, le film détourne intelligemment la vie de ce personnage en comédie notamment avec cette réplique : « j’ai toujours cru que ma vie était une tragédie, mais en fait c’est une p***** de comédie » ; la vie est une blague, remercions d’ailleurs Heath Ledger pour son « Why so serious ? », peu à peu Arthur se joue des codes sociaux conformistes, individualistes... (=en bref merdiques) pour remettre en cause l’état de la société tout en en riant, tout ce qu’on attend d’une comédie finalement !

  • Les performances extraordinaires de Phœnix lors des scènes hard, je citerai celle finale sur le plateau de télévision, celle du métro et celle dans son appartement avec ses deux collègues encore une fois ponctuée d’humour noir qui en ont foutu plus d’un mal à l’aise !

  • Le message positif qui en découle (ressenti personnel) : beaucoup de conventions sociales sont à chier, les gens sont faux, les institutions supérieures se foutent de la gueule du monde, les capitalistes et politiques sont des charlatans, la moralisation établie est parfois absurde... Nous sommes trop dépendants il est temps de se serrer les coudes, d’adresser un bon gros fuck à la division ou autres merdes comme l’individualisme et s’unir contre cet ennemi commun conformiste et dévastateur !

  • Les détails laissés par-ci par-là comme symbolisme aux twists à venir, je retiendrai la discussion entre Arthur et sa mère où Arthur essaie de persuader sa mère que sa vie est plutôt comique, sa mère le contredit et dès lors la règle des 180° est brisée - règle de mise en scène où la caméra ne peut transcender une ligne imaginaire lors d’un dialogue par exemple par soucis de cohérence, sauf en cas de parti pris artistique précis - cet réponse cinglante de la mère brise un cycle et sera remise en avant lors de son meurtre.

  • La relecture imaginative et contextualisée du mythe de Batman : la rencontre du Joker avec le petit Bruce Wayne ; note d'un pote fan du personnage : le film Zorro est toujours affiché avant le meurtre des parents de Bruce dans les comics non oublié dans le film et les parents sont tués par un parfait inconnu au masque clownesque et l’absence de plongée replace l’Homme à sa nature même, c’est-à-dire comme créature vulnérable où personne n’est supérieur à personne d’homme à homme l’homme est un loup pour l’homme ; le côté alter-ego avec Bruce est mis en avant grâce au portail lors de la rencontre entre ces deux personnages, le soupçon de fraternité qui surgit en milieu de film, et information vu dans un article aujourd’hui il paraîtrait que l’on distingue le visage de Batman se composer dans le miroir lors du travelling au début du film. Comme quoi, un film loin du discours super-héroïque mais certainement pas infidèle à ses origines, toute la beauté d’une adaptation finalement ! Pour connaître mon point de vue sur les adaptations, je vous renvoie vers ma critique comparative des deux Shining

  • Les critiques négatives attaquent le film sur le côté « on suit un fou, pas d’arrière pensée, basique, déjà vu », on remarquera pourtant qu’Arthur est la parfaite métaphore de l’individu lambda amoindri par sa vie créée de toute pièce par un système immonde dirigé par les plus riches. Arthur est limite anorexique, fumeur, à un métier difficile et peine à gagner sa vie et ne demande qu’à être heureux et vivre en harmonie avec la société ; les riches représentés par la famille Wayne et Murray Franklin (De Niro) ne boivent et ne fument pas, sont un peu boudinés et gourmand de mauvaise foi et d’hypocrisie. Et chères critiques même si le manichéisme et le côté mainstream faussement underground du film vous chiffonne, ça fait belle lurette que je n’avais pas vu un film avec un message aussi conscient et une ambition aussi dingue en terme de scénario le tout en 2 heures de temps !


Il n’y aura pas de points négatifs car je n’ai même pas réussi à en desceller pour l’instant...


Ce film est-il bon ? La question ne se pose pas ! Vous avez compris !


Je suis fan de ce film, clairement ! Il n’y a plus de débats possibles pour moi, il s’agit du meilleur film de cette année et je croise déjà les doigts pour qu’il remporte un maximum de récompenses.
Il faudrait que je pense à classer les 20 meilleurs films de cette décennie et Joker risque d’en faire parti. Froid, réaliste, violent, envoûtant et subversif tels sont les 5 mots qui me viennent en tête quand je pense à ce film. C’est pour ce genre de film qu’il faut prendre l’initiative de prendre sa place ! Même pas de bravo, juste merci, merci beaucoup !


Note, sans la moindre objectivité : 20/20 ❤️

Créée

le 9 oct. 2019

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thrashiffanneau

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