Le film de Todd Philips laisse perplexe.Cette volonté de donner des circonstances atténuantes à celui qui va devenir un grand ennemi de Batman sonne faux.Quelque part, je ne peux pas imaginer un anti-héros tourmenté ayant mal tourné avant d’étaler une science criminelle ( avec une poignée d’hommes de main lui obéissant quand même) pas si ridicule face à l’homme chauve-souris.Question de cohérence dans le story-telling.On dirait que Fleck aurait droit à son Faites entrer l’accusé rétrospectivement.Tout criminel ayant eu une enfance difficile, des troubles mentaux ou des vices en devenir ou cachés.Ce procédé n’est pas non une preuve de virtuosité artistique dans l’exposition. Ce qui me paraît, par contre, bien perçu par le réalisateur et son scénariste, c’est le procès d’aliénation contre tout individu différent. La scène où Fleck se fait tabasser arbitrairement par un groupe de jeunes ou celle où il démontre à son aide psychologique qu’elle ne l’écoute pas expriment des degrés de violence différentes.Et elles conditionnent l’explosion intérieure du futur Joker avec sa mère adoptive, son collègue de travail ou le présentateur de télévision.Ce qui me fait penser qu’en n’ajoutant pas des strates dissonantes à cette histoire, Todd Philipps aurait évité les contradictions regrettables. Au niveau de la présence physique de Joaquin Phénix, elle est indéniable car vraiment travaillée.Je dirais même que ses postures sont plus renversantes que son texte ( excepté sa diatribe salutaire au talk show).On sent quand même une difficulté à faire exister les personnages secondaires du film.Ceux-ci servant à accoucher les réactions démentes du Joker et n’ayant pas d’assise véritable.Je le déplore. Sans être raté ni exceptionnel, Joker sans points de vue limpides, déstabilise par une noirceur entretenue tout en ne convaincant pas totalement dans sa distillation du cause à effet.Une construction logique et assumée aurait changé le ressenti à coup sûr.