Subir l'injustice rend injuste : si tout cela est vrai, faut-il pour autant s'enquiller 2h de mauvais film ?
- le scénario est fastidieux : on s'acharne à énumérer un nombre invraisemblable de vexations que subit Joker. a) il se fait voler une pancarte et rouer de coups b) son patron ne le croit pas c) il perd son travail pour un mélange de maladresse, injustice, manque de tact/patience, etc... et cela continue dans tous les domaines où pourrait se nicher un espoir (rêves brisés, mauvaise prise en charge psy, environnement familial névrotique et mensonger). Ce n'est pas un scénario mais une énumération au stabylo boss. Pire : là où quelques situations auraient suffi à "planter le décor" pour développer une histoire, là rien ne démarre jamais : ce ne sont que des portes qui se ferment.
- le jeu de Joakim Phoenix est une des pires caricatures possibles de l'actor's studio, qui ferait passer l'évolution de Jack Nicholson vers la folie dans Shining pour un modèle de sobriété et de nuance. Il faut dire que le personnage de Joker n'aide pas : où est son intelligence ? A part comme aimant à problèmes et injustices, il n'inspire aucune sympathie car il n'est jamais spirituel, intelligent, talentueux si ce n'est pour courir
- la morale semble taillée pour plaire à l'Amérique transpartisane : les Démocrates penseront qu'on aurait pu sauver la fabrication du "monstre" en finançant mieux l'assistance sociale et avec une société plus empathique envers les faibles ; aux Républicains le film présente Joker comme un personnage sans talent, inconscient de sa médiocrité et par conséquent n'ayant a offrir que du ressentiment et de la jalousie envers "ceux qui réussissent". Il apparaît ainsi comme le leader de proto gilets jaunes communistes qui adoptent Joker comme leur héros... alors qu'il est un assassin.
Mais ce qui fait le plus peur n'est peut être pas tant le film que le concert de critiques positives. Il semble que l'immense majorité des spectateurs soit ravie et ait même l'impression qu'on lui offre plus qu'un produit machine à cash.
Peut être que les héros ont remplacé les saints et la religion et que le public éprouve une satisfaction à découvrir une petite tranche de leur vie ? Mais dans ce cas, ce ne sont pas les qualités intrinsèques du film qui sont en jeu, mais plutôt l'aura de ces nouveaux héros dans l'imaginaire collectif.
Je retiens en tout cas une leçon de l'Amérique : si tu es fort n'humilie pas les faibles, mais si tu es faible ne jalouse pas les forts. Amen.