Trouble et sombre
Ce n'est pas un film sur un vilain. C'est un film, surfant entre le film noir et le film d'auteur, où la couleur n'accentue que davantage la douleur et le clivage entre deux mondes qui ont des bons et des mauvais de chaque coté.
J'ai vu les échos qui disent que c'est une hymne à la violence. Je ne crois pas qu'un film pousse à la violence, je crois en la capacité de réfléchir, mais toutefois, ce film me fait écho à ce que pouvait dire l'Abbès Pierre :
Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure « Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix ! », je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous !
Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir.
Un discours qui fait toujours aussi échos et qui vaut le coup d'être écouté dans son intégralité. Alors, voilà l'histoire du joker. Je ne dis pas que c'est parfait. Je dis juste qu'il y a un écho. On est responsable de ses choix, mais l'homme acculé et déjà un peu perdu a davantage de chance de choisir ceux conduisant à la haine et à la violence. Joker c'est pas tant l'histoire d'un homme qui se perd dans sa folie et dans celle de sa ville, que l'histoire d'une ville perdue dans sa propre folie.
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J'aurais aimé gardé le doute sur l'identité du père du Joker, même si on sait. J'aurais aimé - également - que la fin ne soit pas sur du comique. J'aurais apprécié le doute sur son enfance plutôt que des faits de pathos qui n'apportent pas grand chose."""