Joker est une formidable étude de personnage et une mauvaise étude de société.
Joker prend le temps de nous présenter avec soin ce qui pousserai un homme à la folie et au meurtre. Dans cette situation, personne n'est innocent. Nous sommes coupables, par notre indifférence et notre manque d'empathie des monstres qui nous hantent. La beauté du joker est d'amener tous ces éléments crescendo tel un tourbillon s'abattant sur le spectateur. Tout est si subtil que l'on se laisse prendre à sa folie, que le faux devient réel et le vrai irréel.
Mais malheureusement, le reste ne suit pas. Gotham est une caricature grossière d'une ville rongée par la misère et le crime. Des agresseurs du protagoniste bizarrement persistants, aux lignes de dialogues clichés données par les figures d'autorité en passant par la représentation insultante de la foule, rien ne va. Dans ce cas, le sous-texte devient le texte et les ficelles sont bien trop épaisses pour passer pour autre chose que pour un décor artificiel. Cela est d'autant plus dommage que la ville est filmée avec une telle pesanteur qui nous donne envie de croire à son existence.
On se consolera en nous disant que chaque moment où Joachim Phoenix est à l'écran, on frémit à la fois par compassion et par malaise.
Joker est ainsi un film à la fois si fin dans le traitement de son personnage et si grossier dans le traitement de son univers. La danse est belle, mais que la scène est laide ; une valse des contraires.