"C'est l'histoire de Totodd qui voulait tout nous dire sur le Joker..."
Le film s’annonçait comme une grosse blague. Joker par le réalisateur de very bad trip, pas de quoi le prendre au sérieux.
Et pourtant, dès les première minutes, le ton est donné, nous allons être plongés dans les origines du mythe, dans les origines du mal. Rangeons les livres de Bourdieu, finie la psychanalyse de Freud, Monsieur Todd Phillips s’improvise dans l’analyse socio-psychologique de la folie, et c’est plutôt réussie, enfin, en apparence.
Alors pourquoi Joker devient-il fou ?
De la souffrance à la folie, il n’y a qu’un pas.
Le Joker ici est loin d’être un furieux psychopathe inhumain, c’est avant tout et au fondement, un homme qui a des émotions, des sentiments, un homme qui souffre, un homme humilié. En témoigne la scène de la pancarte que certains trouvent limite, ces gens toujours prompts à voir du racisme là où il n’y en a pas sous couvert de lutte des minorités. Car dans cette scène, ce sont avant tout des petits pauvres qui tapent un petit pauvre. Phillips aurait-il lu les plus grands sociologues français ?
Cette violence, on la retrouve dans la sphère familiale, et là Phillips se sert des analyses de Stéphane Bourgoin, le plus grand connaisseur des tueurs en série du monde, enfant battu, relation complexe avec sa mère, humiliation, oui, Joker répond à toutes les cases du parfait psychopathe.
Le mystère s’éclaircit petit à petit, Joker s’humanise et nous on jubile, nous la tenons, notre explication.
La société elle a que des problèmes.
On ne comprendrait rien à la folie d’un homme si le contexte social dans lequel il baigne ne serait pas retranscrit et ça Phillips le sociologue l’a bien compris.
Gotham en métropole invivable ? Tel est le décor dans lequel est plongé notre joker ici. La société part en vrille, la première scène annonce une grève des éboueurs, la ville est crado (il doit bien connaître Paris ce réalisateur…) les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres (il doit avoir sa carte chez la France Insoumise ce réalisateur). Dans tout ça notre joker peine à trouver sa place, peine à grimper dans l’échelle sociale, en témoigne les nombreuses scènes d’escalier. Celle où il monte lentement, des marches, péniblement, métaphore d’une ascension sociale difficile. Puis celle où il descend, s’enfonce dans le mal en chantant et dansant. Joker, dans cette société aux aboies, choisira la descente aux enfers, vers le mal.
Nous avançons, encore un effort et le Joker n'aura plus de secret pour nous.
Un héros malgré lui.
Une société en perte de sens aura toujours soif de modèles, de héros. Et voilà que notre Joker se retrouve en symbole d’une révolution contre le pouvoir, contre les riches. Et tout ça sans qu’il le décide vraiment. Il devient comme le porte parole de la misère sociale.
Mais c'est ça, le mystère est percé, Joker n'était rien d'autre que le héros dont la plèbe avait toujours attendu.
Conclusion: Trève de plaisanterie.
Attention : vous allez assister à la partie négationniste de ma critique. Âme sensible s’abstenir.
On croyait tout savoir sur le Joker à présent. Mais en cinq minutes,les cinq dernières minutes, le doute s'installe, l’édifice semble perdre de sa force. Et si tout ça n’était qu’une blague ? Et si Todd Phillips n’était pas Bourdieu ? Et si il n’était pas Stéphane Bourgoin ? Ni Freud ? Ni Mélenchon ? Et si Arthur Fleck n’était pas le joker ? Et si le film n’était pas un film ? Et si le sérieux du film résidait dans le fait que rien ne l’est ?
Finalement, Joker s’avère être bien plus comique que Very Bad Trip. Notre seule erreur sera, je pense, à la vue de ce film d'avoir pris Todd Phillips au sérieux, erreur qui nous a valu, au final, deux heures de pure jouissance cinématographique. Nous voulions des réponses sur le mystère Joker La seule réponse que nous pouvons avoir, c'est que nous allons nous poser des questions encore bien longtemps sur le Joker, et pour ça un grand merci Totodd.