Fleck est un homme transparent "dont personne ne connait l'existence", son quotidien est morne et triste tout comme la ville de Gotham dans laquelle il vit, sombre et jonchée de montagnes de détritus envahies par des hordes de rats. Il se traine entre petits boulots minables sans reconnaissance, trahisons et agressions violentes verbales et physiques. Il trouve réconfort en regardant les shows télévisés d'humoristes présentés par Murray qu'il vénère, et partage ces moments avec sa mère dont il s'occupe avec une sincère dévotion. Son rêve de faire rire un public l'amène à noter ses idées dans un carnet, et à s'entraîner devant un public imaginaire. Il se débat pour connaître la cause de son mal-être, pour découvrir "sa" vérité : a-t-il réellement la "maladie du rire", est-il né fou, triste héritage de sa mère? Ou l'est-il devenu et pour quelles raisons? Qui dit la vérité? Sa mère? Wayne ? Fleck traverse les épreuves dans une atmosphère pesante, son profil devient inquiétant au fur et à mesure que divers événements (violences sous fond de misère sociale, trahisons, humiliations, souvenirs tragiques...) l'amènent inexorablement vers une lente mais spectaculaire métamorphose en tueur. Étrangement, on compatit à ses déboires et on se surprend à (presque) lui trouver des excuses malgré son attitude violente. Fleck l'invisible disparaît complètement, pour laisser place à Joker porté aux nues désormais par les révoltés de Gotham dont il devient le symbole vivant contre cette société perverse qui met à l'écart les miséreux. Joaquim Phoenix est époustouflant dans le rôle du joker dont le célèbre sourire se dessine au final du sang de ses propres blessures.