Certains ficelles scénaristiques et un certain esthétisme semblables à « la Valse des pantins » de Martin Scorsese font croire à un similarité des propos dans le film de Todd Philips. Point du tout. Alors que le film de Scorsese traite du fanatisme, celui de Todd Philips traite de la folie, de l’inadaptation à la société et des marginaux dans une construction bien différente.
L’environnement du personnage de Joaquin Phoenix n’a pas de secret pour le spectateur. Tout est dévoilé petit à petit. Ce dévoilement accompagne la progression de son personnage. Le film est un long portrait d’un homme qui ne part pas avec les meilleurs avantages et qui essaie de composer avec ce qu’il est dans une société qui l’évite ou se moque de lui. C’est un sujet susceptible de parler à beaucoup de gens. L’interprétation de Joaquin Phoenix retranscrit parfaitement la gravité des troubles de son personnage, à tel point que l’on ressent bien que tout cela va bien au-delà d’un simple mal-être. Une interprétation en parfaite adéquation avec la progression de ce qu’on apprend du personnage au fil du film. Les personnages secondaires ont également beaucoup d’importance dans le film et deviennent déclencheurs de ces malheurs. Les collègues d’Arthur Fleck sont eux aussi marginaux en quelques sortes. Mais on perçoit par leur biais une société qui n’est pas noir et blanche, à l’image de la psychologie de Fleck, et dans laquelle il y a des strates sociales. Des castes. Ainsi les collègues de Fleck sont des marginaux acceptables, et non ce dernier. Et finalement c’est cette différence qui le fait basculer.
Le film, en petit Poucet scénaristique, repose essentiellement sur la description fine et minutieuse du personnage de Fleck, et sur la description de l’environnement dans lequel il évolue, magnifié par une bande originale en parfaite adéquation avec ses actions et son personnage.