Voila un film plus que moyen, qui fait beaucoup de bruit. Me méfiant toujours des élans dithyrambiques de mes contemporains, j'ai attendu quelques mois pour le visionner, avec une certaine curiosité je ne m'attendais pourtant pas à grand chose.


Joker est davantage intéressant dans son succès que dans son propos, le phénomène qui entoure sa sortie est bien plus passionnant que l'objet culturel en lui même.


Contrairement à ce qui à été dit ici et la par les professionnels de la récupération, ce n'est pas un film politique premièrement. Encore moins un film "gilet-jaune" comme je l'ai vu qualifié à plusieurs reprises, toutefois c'est un film qui dépeint la perte de contrôle des élites sur la société et la dérive psychologique de ses membres qui n'ont pour seul avenir la folie et la violence dans un monde dépersonnalisé et déshumanisé.
Si Joker n'est pas un film politique c'est avant tout à cause de son nihilisme assumé. Le nihilisme étant l'exact opposé de toute forme de pensée politique.
Ce n'est guère étonnant qu'il séduise le grand public, ces consommateurs nés qui voient dans la violence et la folie un plaisir qui leur est interdit. Joker est au conflit social ce que Marlène Schiappa est à la littérature. Réduire les acteurs des conflits sociaux à des psychopathes hystériques et barbares ça c'est au passage un propos politique et qui va tout à fait dans le sens du système.
Allez dire aux émeutiers de Caracas, d'Alger, de Paris, de Belgrade, de Hong-Kong ou de Santiago qu'ils doivent être heureux qu'Hollywood associent leur combat à la trajectoire d'un puceau tardif qui vit chez sa mère folle à 30 ans et ils apprécieront.


C'est un classique en politique de faire un usage outrancier de la psychologisation pour discréditer l'adversaire et Joker ne déroge pas à cette vieille tradition.


Joker est un film qui s'adresse aux occidentaux, aux gentils consommateurs serviles, tout fiers de leurs 35h de boulot hebdomadaire, qui vont se lâcher à fantasmer sur le parcours d'un pauvre type malade en applaudissant à l'oeuvre révolutionnaire. C'est un film qui parle des pauvres aux riches en somme. Un film qui parle de la violence aux bisounours. C'est exotique n'est ce pas ?


Le film en lui même est insoutenable dans sa mise en scène et son récit, c'est mal coupé et mal raconté, notamment dans l'utilisation des flashbacks particulièrement mauvaise et loin de créer l'effet du twist attendu. C'est d'une platitude extrême jusqu'à la délivrance de la scène finale, particulièrement mauvaise et décevante aussi d'ailleurs. La grossièreté maladroite du film ne connait aucune limite et certains diront que c'est pour ça que ce film est bon. Phoenix fusionne avec le malaise de manière presque admirable pourtant il n'a pas réussi à me convaincre totalement. Là ou le scénario et la mise en scène manquent de couilles et de substance dans leur propos, Phoenix veut trop en faire jusqu'à devenir insupportable à l'écran et en cela il réalise une composition intéressante qui colle assez bien à la figure du Joker, en lui apportant une certaine profondeur et davantage d'humanité. Je ne peux pas lui enlever ça en toute bonne foi.


5.5 car bon, je suis gentil moi.

Descologique
6
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le 19 janv. 2020

Critique lue 254 fois

5 j'aime

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