Alors oui il est encore possible de faire des bons films avec des adaptations de comics. Et c’est simple il suffit de laisser un peu de liberté pour que l’auteur puisse en dégager une vision et ne soit pas juste un nom à coller sur l’affiche et qu’il ne soit pas limité à diriger de temps en temps des acteurs sur fond vert. S’il n’est pas parfait ce Joker arrive au moins avec une vraie proposition et n’est pas noyé dans un ensemble qui briderait ses envies. S’il est un peu trop inspiré de la valse des pantins à mon goût il donne une vision intéressante de la némésis de Batman entre le film de Scorsese que je viens de citer et le sociopathe de The Dark Knight. Ici Arthur Fleck représente un peu la révolte des sans grade. Perdu dans sa folie, exclu par une société qui ne veut pas le soigner et au contraire veut le mettre au rebut car elle ne le comprend pas il va s’en venger en créant un chaos que certes il n’a pas préparer mais pour lequel il a servi d’étincelles. Le film est porté par l’interprétation incroyable de Joaquin Phœnix (même si la caméra de Todd Philips insiste un peu trop à mon goût sur la transformation physique qu’il s’est imposé pour le rôle), son Arthur Fleck est tour à tour angoissant, misérable, pathétique, mais toujours d’une présence incroyable. Parlant à la fois de la société du spectacle, de l’uniformisation que veut engendrer une société et qui marginalise les individus qui n’y correspondent pas, le problème des armes à feu en libre circulation aux États Unis ce Joker est un film qui fuit les divertissements désincarnés que sont devenus la plupart des adaptations de comics pour livrer un film violent mais pas complaisant.