Joker s'inspire très largement de Taxi Driver. Deux personnages en décalage avec la société dans laquelle ils vivent et en recherche de repères et de reconnaissance. Arpentant les rues New-yorkaises ( ou Gotham pour le Joker, si vraiment vous voyez une différence ), ils essaieront de se faire une place dans un univers inadapté.
Là où Travis incarnait subtilement une dissonance entre une masculinité virile anachronique et les nouveaux codes en place dans les villes modernes post-Vietnam des années 70, Arthur est juste un pauvre type avec une maladie qui le rend totalement inapte à avoir une vie sociale normale, forcément, il ne va lui arriver que des crasses.
Fini la représentation biblique du diable qu'est le Joker habituellement, questionnant nos valeurs et la notion de bien et de mal, ici le Joker est une simple victime de la société, se vengeant sur son passage des méchants traders qui agressent les filles dans le métro, et des cruels présentateurs de talk-shows se moquant de lui. J'ai vu plus subtil et ambigus dans des Disney. Le film fait l'exploit d'être parfaitement conformiste tout en soutenant le populisme de plus bas étage : les services publics sont en délitement, on ne sait pas pourquoi il n'y a aucune analyse mais ca met les gens très en colère, il y'a des riches et des pauvres c'est injuste donc Kill the rich ! Le film se permet d'être très arrogant dans l'exposition de ses idées politiques tout en ayant aucune ambition intellectuelle pour les assumer.
il n'y a pas d'ambition de mise en scène ou de scénario, l'atmosphère sombre et brumeuse très légèrement éclairée recherchant le malaise et la claustrophobie chez le spectateur est un grand classique éculé des années 2010. Le plot-twist de l'histoire avec la voisine qui n'était finalement que dans la tête du héros on le voit venir à des kilomètres. Bref un réalisateur totalement quelconque.
Phoenix est absolument omniprésent dans le mauvais sens du terme, il n'y a plus de place pour aucun autre acteur, aucun son, aucun scénario, on suffoque pendant plus de 2h sous la maintenant très normée liturgie à la subtilité pachydermique des acteurs en recherche de consécration à destination de l'académie des oscars.
Enfin bon, la recette du film à 10M d'entrée estampillé film de l'année a été parfaitement appliqué et c'est tout ce qui compte ! Un très beau plaqué or