Todd Phillips poursuit sa mue en réalisateur talentueux sur des sujets plus sérieux. Non pas qu'il était un piètre réalisateur. Au contraire, ce qu'il a réussi à faire avec "Very Bad Trip" a marqué durablement la comédie américaine.
Mais, avec "War Dogs" il s'attaquait à un sujet autrement plus grave : le trafic d'armes.
Dans "Joker", il abandonne le côté un peu fun et dynamique qu'il avait conservé avec "War Dogs" pour, cette fois-ci, parler d'un sujet grave sur un ton grave.
Est-ce pour autant un film ennuyeux ? Pas du tout ! Bien au contraire, il est tellement étouffant que vous serez totalement immergé dans l'histoire.
Vous ne comprendrez pas, comme Arthur Fleck, quelle porte de sortie ce dernier possède dans son quotidien terne, injuste et stressant. Il n'y en a pas dans la vie de cette personne souffrant de troubles mentaux, mise au ban de la société et qui ne peut même pas faire confiance aux personnes les plus proches de lui.
Mais, pour incarner ce personnage éminemment complexe, il fallait un acteur à la hauteur. Joaquin Phoenix s'en est montré digne. Et a même dépassé toutes mes espérances. J'ai été bluffé par son incarnation, qui a été poussé au point de perdre des kilos pour se transformer physiquement.
"Joker" a réussi le tour de force de prendre un vilain très connu et d'en faire une presque victime. J'insiste sur le "presque". Il reste un meurtrier et le film montre sa froideur lorsqu'il s'agit de tuer un autre homme.
Contrairement à ce que l'on a pu voir dans la presse, le film n'idéalise pas le Joker, il l'humanise. Ce qui est une différence majeure.
Et réussir à l'humaniser, c'était ardu, mais c'est réussi.
Quoiqu'il en soit, que le film ait une suite ou non, c'est une grande réussite et il pourra tout à fait vivre sans qu'une suite sur ses méfaits ait besoin d'être portée à l'écran.
Chapeau bas.