Un film sans prétention, vu un soir sur France 2, un peu par hasard, mais qui est agréable et se laisse regarder. Une mise en place un peu lente mais le jeu des acteurs principaux (Sandrine BONNAIRE, enjouée, dynamique et espiègle, et Kevin KLINE, touchant en homme reclus, bourru mais qui se laisse attendrir), comme des seconds rôles : Francis RENAUD, le mari, que l'on a l'habitude de voir dans des rôles de seconds couteaux ; Daniel MARTIN, le président du club d'échecs, agaçant et rogue à souhait ; Jennifer BEALS (toujours voluptueuse et souriante, cf. Flashdance, qui l'a lancée, et plus encore la variation sur le thème de Frankenstein, The Bridge, avec Sting), premier modèle de joueuse d'échecs, une Américaine, femme qui mène la grande vie et assume sa sensualité.
L'histoire se passe en Corse (le thème de l'isolement sur une île), une femme de ménage d'un hôtel local qui mène une vie d'une banale simplicité va petit à petit bousculer ses habitudes et régler sa vie monotone autour d'une passion nouvellement née : les échecs. Le scénario est simple mais la délicatesse dans le traitement des personnages et la façon dont ce basculement est amené font que l'on se laisse séduire. Il s'agit d'une transposition sur l'écran noir ("de mes nuits blanches"...) du roman allemand de Bettina HENRICHS, La Joueuse d'échecs, qui développerait davantage les thèmes abordés dans l'adaptation cinématographique (place sociale dévolue aux femmes, réflexion sur les conventions, le mal de vivre, le deuil, la mort), cela ne peut que donner envie de regarder du côté du roman !
P. S. : pour ceux qui dès le début du film auront été interpellés par les accords de la musique que l'on entend en découvrant l'héroïne qui chemine à vélo ; et pour ceux qui auront trouvé un écho sensible à l'ouverture du très beau film de Roberto BENIGNI, La vie est belle, vous avez plus que raison puisqu'il s'agit du même compositeur, Nicola PIOVANI.