Entre le documentaire, le film à portée éducative et la fiction, ce proto-néoréalisme ne parvient toutefois pas à additionner ses qualités à cause principalement d'une absence d'enjeux dramatiques. Tout est portant là pour Shimizu que donne libre court à sa sensibilité (l'attachement à la nature, le rythme de la campagne, les enfants...) mais à part la beauté de certains plans, la fraîcheur de interprétation des acteurs amateurs, le film a du mal à dépasser son cahier des charges, à savoir sensibiliser les populations isolées à s'ouvrir à la médecine "moderne". Les relations entre les personnages, les problèmes pour se faire accepter par les villageois, les croyances envers les coutumes et traditions ou la crainte de se voir attribuer le nom d'une maladie (et donc de subir des discriminations) ne dépassent malheureusement pas les notes d'intentions. Peut-être que faire appel à une actrice professionnelle comme Kinuyo Tanaka n'était pas une bonne idée, celle-ci ne paraissant pas toujours à l'aise à l'image lors des scènes "médicales". Ce sont d'ailleurs les scènes naturalistes qui sont les plus réussies, celles où la confiance s'installent par de l'attention et des sourires. Le journal d'une femme médecin est avant tout un témoignage sociologique où la vie du village n'a pas l'air trop romancée (même si forcément édulcorée), contrairement à la sous-intrigue sentimentale avec Shin Saburi maladroitement greffée ou une tentative ratée de suspens lors d'une opération sur un nourrisson.
Sa conception bancale pourrait ne pas être un frein au final mais le fait que Shimizu ne parviennent pas à rendre son microcosme attachant l'est davantage, un peu plombé aussi par le rythme inexistant d'une caméra et d'un montage rigides. Il faut dire qu'avec pas moins de 6 réalisation en 1941, le cinéaste n'avait sans doute pas le temps nécessaire pour la cohérence de ce genre de projet.