Jowita, c'est tout d'abord une pochette qui vous donne une folle envie de vous intéresser à ce que ça raconte et puis après coup, à vous dire "Pourquoi pas ?". Sorti un peu de nul part, oublié d'un bien grand nombre, tel est la cruelle fatalité qui l'a frappé. Le scénario bête comme tout nous parle d'un architecte reconnu pour ses exploits sportifs et visiblement romantiques aussi au vu de ses moult conquêtes. Au cours d'une soirée, c'est pourtant lui qui perdra la tête à la vue de cette sublime créature au déguisement oriental qui l'entraînera quelques temps dans une spirale d'attraction charnelle. Lui qui a toujours été en position de domination se voit être dans la position inverse. Malheur à lui qui ne retrouvera pas cette Jowita à la fin du bal. Il comblera ce manque avec Agnieszka.
Puisant ses inspirations dans le néoréalisme italien et la Nouvelle Vague française, Jowita fascine par sa mise en scène épurée et très théâtrale où les filles toutes plus splendides les unes que les autres se succèdent, entrant dans la vie de Marek qui est de son côté toujours obnubilé par cette nuit au bal masqué. Cul-cul ? Peu inspiré ? Intrigue déjà vue ? Autant de ressentis qui vous ont peut-être traversé l'esprit en me lisant mais rassurez vous que Morgenstern par une mise en scène d'une indécente dextérité vous fait oublier vos craintes. Jowita est un régal de professionnalisme cinématographique, de photographie sublimée et de musique éclatante. La séquence du bal à elle seule mérite le détour. Et puis cette étude quasi psychanalytique de la vie de Marek qui se perdra dans sa quête de démystification de l'énigme Jowita, allant jusqu'à s'éloigner du sport qui l'a tant aidé à construire son image de séducteur inaccessible.
Jowita l'obsède et nous obsède également, dans l'incapacité de faire l'impasse sur l'omniprésence de cette nymphe aux yeux qui en feraient tourner la tête des plus réfractaires à l'amour. Je me suis longtemps posé la question de comment cet anonyme de la Nouvelle Vague tchécoslovaque a pu autant me toucher au point que je lui attribue irrationnellement 9 étoiles sur 10. Et je me dis que les récits les plus simples sont parfois les plus efficaces, surtout quand s'invite une muse au regard de braise qui vous sera inoubliable.