Critique de Joy par Kibruk2
Filmé d'une façon quasi documentaire, "Joy" montre la vie de prostituées nigérianes en Autriche. Très bien réalisé et admirablement joué (on arrive même à se demander si ce sont des actrices ou si...
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le 25 janv. 2023
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Critique pour le site Le Bleu du Miroir
Superbement incarnée par Joy Alphonso, Joy se retrouve dans la spirale infernale du trafic sexuel. Émigrante nigériane atterrie à Vienne, elle est en proie à son proxénète, à sa famille, au système politique du pays, et à elle-même lorsqu’elle est contraint de s’occuper de Precious, la dernière arrivée.
Avec son second long-métrage, la réalisatrice Sudabeh Mortezai donne une parole quasi documentaire à des femmes qu’on choisit le plus souvent de ne pas voir : prostituée, immigrante, noire. Et elle le fait avec une brutalité subtile afin d’éveiller les consciences. La violence n’est pas visuellement mais suggérée qu’il s’agisse du viol ou de l’exploitation de la femme par une autre femme, dynamique perverse arguant d’une situation critique. Un parti-pris cinématographique a l’effet retentissant tant l’imaginaire se couple facilement avec une réalité qu’on ne peut plus occultée. Et c’est à travers la résilience et l’abnégation de Joy, mais aussi la fougue fugace de l’incroyable Precious Sanusi que les mots de la féministe française Benoîte Groult prennent tout leur sens : la femme est « la survivance la plus massive de l’asservissement humain » car « il reste facile d’exploiter chacune d’elle séparément ». Un système effectivement bien rodé, dans lequel le poids des traditions et des religions maintiennent docilement ces femmes-objets en esclavage pour le bénéfice de quelqu’uns.es.
On ne sort pas indifférent du film face au destin de ces femmes dont la vie semble être qu’une longue survie. Le film est dur, l’espoir aussi illusoire qu’un rite, mais une forme de beauté réside dans la force ces héroïnes.
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Créée
le 26 sept. 2019
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