Joyeuse Retraite ! n’est pas un film de cinéma, mais une longue sitcom qui conjugue à toutes les personnes de l’imparfait un thème insuffisant pour remplir une heure et demie. Ça enchaîne les petites saynètes peu drôles, ça répète inlassablement les mêmes blagues ou situations dans l’espoir acharné de faire rire. Mais ça ne fait pas rire, non ça crispe.
Le réalisateur oublie de composer une mise en scène, si bien qu’hormis un léger travail du hors-champ avec les gémissements du chien, image et montage ne disent rien des situations qu’ils sont censés porter. Et si quelques scènes réussissent, çà et là, à nous amuser, notamment une visite immobilière qui dégénère en spectacle à scandales – vibromasseur dans la gueule du chien, beau-fils dans le placard, tout amoché qu’il est –, nous ne retiendrons à terme que le jeu calamiteux de Nicole Ferroni, une escale prétendument ludique aux Restos du Cœur, séquence en réalité honteuse et embarrassante, un dégoût profond pour la famille et les enfants que le happy end ne parvient pas à divulguer. Car le problème n’est pas qu’un film traite la famille comme une entité toxique ; le problème, c’est d’essayer tant bien que mal de cacher ce profond mépris sous des artifices qui appliquent, par faute de mieux, les bonnes vieilles recettes on ne peut plus insipides.
Joyeuse Retraite ! ressemble à ce personnage odieux de belle-fille soucieuse de retaper la maison : couvrir d’enduit coloré l’expérience humaine et le temps passé ensemble, prendre tout ce qui a de la valeur (affective et économique) pour le balancer par la fenêtre, refonder un nouveau chez-soi aussi impersonnel que vide où les pièces ont du mobilier commandé sur catalogue. Heureusement, il y a Thierry Lhermitte, et il s’en sort plutôt bien ici.