JUDY : Quatre lettres majuscules d'un rouge étincelant à paillettes, à la fois symbole et promesse d'une délectable comédie musicale sous forme de biopic. A l'arrivée, une grande déception pour moi : un sentiment de gâchis tant sur la forme, que sur le fond et l'amer sentiment que Judy Garland n'a pas un eu un film à la hauteur de son indéniable talent.
1 - Un biopic, vraiment ?
Comment ce film peut-il se targuer d'être un biopic, alors même qu'il ne se concentre que sur les six derniers mois de la vie de Judy Garland ? Cette grande actrice, icône hollywoodienne qui a passé sa vie sur les bancs de classe des studios MGM et connu une carrière exceptionnelle au firmament, superbe étoile* incontestée à la voix en or, se voit reléguée ici au rang de star névrosée sur le déclin, acculée par les dettes, incapable de prendre soin de ses enfants, sujette aux addictions et en proie à une insondable tristesse noyée dans l'alcool et le sommeil.
Pourquoi avoir fait ce choix - que je trouve désastreux et dénué d'intérêt - de ne raconter que son déclin ? Judy Garland ne méritait-elle pas une histoire à sa mesure ?
2 - Une réalisation confuse :
Et que dire de la piètre qualité, que dis-je, de l'absence de qualité de cette oeuvre, qui à mes yeux, se résume pour ainsi dire à un montage maladroit, insipide et sans saveur ? Entre deux scènes londoniennes remplies par la vacuité (sic !) d'un propos désincarné et de dialogues d'une pauvreté sans nom, le réalisateur distille ça et là des flashbacks de la jeunesse sous contrainte d'une Judy Garland, à qui la MGM impose une cadence de tournage infernale et des conditions abusives (pression psychologique permanente, privations alimentaires et supplémentation en amphétamines et somnifères, avec la bénédiction du studio !)
C'est peut-être finalement ce que j'ai le plus aimé dans ce film, ces fameux flashbacks d'enfance. D'abord, pour l'interprétation subtile et remarquable de la jeune Darci Shaw, qui incarne ici une jeune Judy confondante de vérité et déjà mue par un profond désespoir. Et puis, j'ai aimé ce décor tout en couleurs, quasi-onirique, qui n'est pas sans rappeler celui du "Magicien d'Oz", pour mieux souligner le contraste entre une industrie hollywoodienne qui veut vendre du rêve à tout prix et qui dans l'ombre, mal(traite) sa vedette ... à n'importe quel prix : celui de sa santé tant physique que mentale. Bonjour tristesse.
3 - Renée Zellweger : Incarnation ou Prestation ?
Ma chère Renée, je t'aime depuis que je t'ai découverte dans cette superbe comédie musicale "Chicago" que je ne me lasse pas de regarder et dont je connais toutes les paroles ; je t'ai aimée dans "New In Town", jolie comédie sur fond d'amour et de tapioca, que je revois avec beaucoup de tendresse; et oui, aussi dans "Bridget Jones", je ne vais pas te mentir! Je suis heureuse pour toi que ton talent soit reconnu et que la piste aux étoiles s'ouvre devant toi. Mais pourtant, oui pourtant ...
Si je reconnais volontiers ta performance vocale hors-du-commun, je n'ai jamais été touchée, émue, ni transportée. Je n'ai hélas vu dans ton jeu, qu'une prestation avec "transformation physique radicale" avec supplément chansons, dont Hollywood raffole et qui te vaut aujourd'hui d'être à deux doigts de rejoindre le prestigieux et tant convoité Cercle des Oscarisées dans un leading role. J'en suis heureuse pour toi si cela se produit.
Pas un seul instant je ne me suis sentie émue par ta prestation physique - ta gestuelle et la légère courbure de ton dos reprenant la posture d'une Judy Garland sur le déclin - n'ont pas suffi à te faire oublier et t'effacer derrière le personnage que tu incarnes. A chacune de tes apparitions, je n'ai vu qu'une Bridget Jones botoxée, à la bouche en canard, perclue de tics et maquillée à outrance ... pour tenter d'incarner Judy. Mais je n'ai jamais ressenti d'incarnation, tout juste ai-je vu une transformation physique, confinant à la parodie quelque peu outrancière.
Pour résumer en substance mon ressenti et ma grande déception : Tout dans ce film m'a semblé hélas bien factice. Aussi factice que les décors du Magicien d'Oz.
*Référence à son rôle dans "A Star Is Born" de George Cukor - 1954