Bon, je n'ambitionne pas de vous refaire le match mais quand même, vous savez que je décris rarement le sujet, mais curieuses méthodes de police que de laisser un suspect "mijoter" en salle d'interrogatoire et le contraindre à s'uriner sur lui-même... Curieux tapissage que mélanger un barbu à d'autres individus glabres... (reconnaître un suspect parmi d'autres au travers d'une glace sans tain) Ou encore le mobile : quel intérêt aurait un "nanti" et heureux père de famille à vouloir s'attaquer à un petit boudin plein d'acné en juoe courte pour la kidnapper en public ? Bref, il y a dans cette histoire pas mal de sujets à caution... Comme cette fin, très judéo chrétienne façon : tu pardonneras à ton oppresseur...
Au-moins le titre lui, est sans équivoque... Toute l'astuce des scénaristes est d'avoir transposé la calomnie dans un contexte médiatique des années 2000 voué aux dérives de l'ère informatique. Calomnie : accusation grave et volontairement mensongère, diffamation (Larousse)
"Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose" citait je ne sais plus qui..
.La calomnie elle est vieille comme le monde , on l'évoquait déjà à l'Opéra, puis par le "bouche à oreille" dans le quartier puis relayé par les paparazzi et (ou) la Presse locale.
La toile et les portables n'auront fait qu'enfler les cris et chuchottements en délocalisant les moyens de transmission des bruits qui courent.
Mais c'est un peu comme la CB de jadis : la toile est déjà désertée et déconsidérée de ceux en quête de vérité fiable... C'est même devenu un outil de désinformation...En raison de son abondance de "fausses nouvelles" (pourquoi donc dire' fake news ?) en tous genres et de baratins politiques aussi fallacieux qu'interminables. mmais qui donc croire en notre époque ?
Le mérite de ce scénario est en tout cas de souigner que de plus en plus, il faut prouver qu'on n'est pas coupable alors que la loi dispose du contraire. Et premier exemple qui me vient à l'esprit : en flashant votre voiture et en vous prunant sans qu'on prouve qui était dedans. Elle est bien belle la justice !
Ou encore pire comme ici.
Ce récit est très long, trop long à démarrer... mais une fois qu'on est entré dans l'histoire et que les préalables sont "dans la boite", c'est plaisant à regarder : on ne s'ennuie pas.
Mais quel dommage que d'être passés à côté de tant de possibilités de suspense qui s'offraient... Lou Jeunet qui semble être une récente réalisatrice commence à fourbir ses caméras et sort des sentiers battus et rebattus par les habituels tâcherons TV, et nous servant une histoire tantôt angoissante, parfois pathos, souvent révoltante, en tout cas intéressante.
C'est bien ficelé, bien monté et seul le démarrage n'est pas sur les chapeaux de roues...
Même constat pour les acteurs qui ne sont pas, pour une fois, des "pensionnaires du service public". Le casting est très réussi avec un Yannick Choirat qui devient de plus en plus convainquant au fur et à mesure qu'il entre dans son rôle... Je ne dirai pas autant de bien de l'actrice qui nous joue de manière un peu "nunuche" sa femme, ni de son fils, pas très crédibles, mais peut-être maladroitement dirigés? Anne Benoit en revanche dans le rôle d'avocate, fait une composition parfaite et empreinte d'une grande sensibilité : superbe numéro de sobriété artistique !
Quant aux policiers, et notamment de leur "leader" qui fait froid dans le dos avec son enquête menée délibérément à charge, ça m'a fait penser au "Condé" d'Yves Boisset et au flic qu'incarna Michel Bouquet : les affres de la censure en moins. Peut-on être partial à ce point ?
Ma note de faveur constitue un encouragement pour Lou Jeunet à persévérer, car ce premier film que je vois d'elle est prometteur, même s'il manque encore d'épaisseur... Une bonne surprise.
France 2 le 11.10.2021