Jûichi-nin iru !
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Jûichi-nin iru !

Long-métrage d'animation de Satoshi Dezaki et Tsuneo Tominaga (1986)

C'est l'adaptation de la première des deux parties d'un manga du milieu des années 70. Au-delà du cadre de science-fiction, on a des candidats d'élite à un concours, et ils sont 700 à passer l'épreuve finale. Un héros nous est démarqué, mais l'intro déjà est un peu chiante, le héros passe les épreuves, parle des taux de réussite faibles à 0,01%, et il réussit. C'est un peu long et ennuyeux pour rien du tout. Mais, bref, arrive l'épreuve finale. J'ai d'emblée pensé à la source d'inspiration pour l'épreuve en équipe dans Hunter x Hunter. En effet, c'est la même absurdité. Les 700 personnes jugées jusque-là individuellement vont former des équipes de dix et on a ce truc à la con, surtout dans un contexte de recrutement des élites pour la paix dans l'univers, qu'ils doivent réussir tous les dix ensemble pour être recrutés tous les dix. Un seul échoue, il fait échouer tout le groupe. Ces trucs-là il faut savoir les amener, les scénariser. Ici, comme Hunter x Hunter, ça pue l'ânerie.
Mais, bon, on peut encore faire un "reset" et regarder la suite de l'animé si ça va le faire ou pas indépendamment de son intro bancale.
Notre héros fait partie d'un groupe de dix qui est envoyé sur un vaisseau on va dire à la dérive et abandonné. Les dix étaient d'emblée en combinaison et quand ils arrivent sur ce vaisseau ils s'aperçoivent qu'ils sont onze. Ces gens, des élites à ce qu'on nous dit, perdent déjà leur sang-froid, parlent d'intrus. Et ça va durer avec plein d'actions bizarres. Par exemple, il y a un bouton d'urgence pour arrêter l'épreuve, il y en a un qui se dit, puisqu'ils sont onze, arrêtons tout de suite l'épreuve. Un autre l'arrête. Puis, ils se disputent, se giflent à cause de cette tension du onzième.
Mais, bon sang, ils ignorent quelle est l'épreuve en soi et ils ne se disent à aucun moment que l'épreuve a été faite de telle façon qu'ils n'ont pu identifier leurs visages respectifs dès le départ. Bref, ils ne pensent même pas que le onzième c'est un truc fait exprès pour l'épreuve. Tout de suite, ils pensent à buter le onzième.
Moi, tu ne me fais pas aimer un récit de science-fiction avec des anomalies pareilles.
Mais ça continue. Tu as notre héros, il a une super intuition, donc dès le début il est le premier à enlever son casque (sauf que l'identification faciale de l'intrus est impossible), les onze se présentent, et donc notre héros propose son test par la superbe intuition, il peut savoir qui ment.
Donc tout le monde met tour à tour sa main contre la sienne et décline son identité. Le truc, c'est que le héros ne voit pas qui ment pour neuf des dix compagnons. Le dixième arrive, décline son identité, et le héros dit qu'il ment. Là, le dixième nous fait le coup : "j'ai menti pour te tester, maintenant refais le test !" J'ai trouvé ça nul ! Si tu veux faire le test du testeur lui-même, tu ne le fais pas scénaristiquement avec le dernier, parce que ça fait con-con de faire un faux rebondissement à la dernière seconde, mais surtout parce que tu dois tenir compte de la tension entre les personnages, il faut penser à la vraisemblance. Tous les autres ont réussi le test, le dernier est déjà envisagé comme l'intrus, c'est pas le moment pour le dernier de prendre le risque d'être identifié comme l'intrus, pas une seconde il ne peut alors penser à mentir pour tester le gars à intuitions. En plus, il n'y a rien à tester, puisque de toute façon le héros à l'intuition a fini par dire que personne ne mentait. Il a été pris en défaut, point !


Je sais évidemment que ce dernier testé sera le onzième à la fin du récit, mais cela ne change rien à la faiblesse scénaristique qu'il ait eu l'idée de faire enchaîner un constat de mensonge et un constat de vérité ensuite ! Puis, à la fin de l'histoire, quand il se démasque : on enfile les perles. Il est simplement meilleur télépathe, ouais évidemment. L'épreuve est réussie, on leur a juste pas dit qu'il était impossible d'arriver à tenir 53 jours et ils ont le meilleur score des 70 équipes. Enfin, le roi, il fait donc partie des gens qui ont réussi. OK, d'accord ! C'est pertinent !
Personnellement, je pense qu'il aurait été plus pertinent de faire que l'intrus soit le gars blond qui dit habiter une planète voisine du roi. Il y avait beaucoup de potentiel scénaristique de ce côté-là pour dire qu'il avait une télépathie, qu'il savait tirer parti de la confusion, le roi semblait surprise de sa présence en plus et il est tout le temps à côté du roi sans rien dire. En plus, il a enchaîné rapidement le fait de se présenter au roi et le fait de se faire tester. On pouvait imaginer qu'il avait tapé la main du premier testé, le roi, et récupéré son fluide pour passer l'épreuve. Il y avait un boulevard à exploiter, plutôt que ce truc de merde avec le dernier testé.
Le seul truc pertinent à faire que l'intrus c'est bien le dernier testé, c'est que comme il fait une succession supposée mensonge puis vérité cela endort la vigilance du spectateur qui, inconsciemment, se dit "lui, c'est bon, il a forcément dit la vérité, la deuxième fois!" Mais malgré tout, à la fin de l'histoire, on voit bien que la révélation ne fait aucun effet, c'est l'intrus et puis voilà, et de toute façon il ne fallait pas qu'il soit testé le dernier pour faire sa feinte, puisque pour le spectateur il aurait fallu d'abord mettre le menteur au milieu de la série de 10 pour créer la péripétie, avoir la réaction des autres, et après quand il ne restait que le dernier on se calait bien sur la surprise que loin d'être l'intrus évident l'intuitionniste devait avouer n'avoir pas repéré un seul menteur. Là, l'embrouille a été mal gérée.


Le gars a l'air surpris de ne pas être infaillible, mais ce qui m'agace c'est que plusieurs autres le trouvent suspect. Mais qu'est-ce que c'est que ces conneries ! Le mec a proposé un test et il s'est raté comme une merde. Certes, il ne s'est pas testé lui-même, mais son intérêt n'était pas de se griller aussi bêtement ! On a des candidats d'élite et ils le trouvent particulièrement suspect, ce n'est pas logique. Certes, le personnage est énigmatique et semble déjà connaître le vaisseau, mais que le test de l'intuition se retourne contre lui, non ça ne marche pas ainsi !
Qui plus est, l'intrus est envisagé comme capable de tuer les autres. Raison de plus pour penser que notre héros à l'intuition aurait pu dénoncer qui il voulait avec son prétendu pouvoir, il ne l'a pas fait. Donc, si à la limite il n'est pas moins suspect qu'un autre, il n'est pas extrémiste ou il est envoyé pour l'épreuve. Là, on nous fait une série où l'équipage vit la chose comme un danger d'Alien, alors que la mise en place de l'intrigue ne s'y prête pas, il y a trop d'éléments qui doivent inviter les personnes à garder leur sang-froid.
Passons à une autre anomalie. On a un personnage qui en enlevant son casque a une silhouette de femme sans poitrine, et de long cheveux blonds. Le personnage a apparemment un sexe indéterminé, mais ressemble à une femme. Il dit détester les femmes, mais de deux choses l'une ou c'est une femme qui ment, mais l'intuitionniste n'a rien remarqué pour autant, ou c'est un être dont le sexe va se déterminer ensuite. Or, pour quelqu'un qui déteste les femmes, le choix des cheveux blonds bouclés, c'est déjà ballot, mais dès le départ on a droit à des gags assez lourds où le personnage est clairement une femme au sens clichéique : manque de force pour soulever du poids, peur dès qu'il y a un danger, réflexe de se cacher derrière un homme, intérêt sans arrêt pour le corps du héros comparé au sien, etc. C'est du n'importe quoi ! On nous appuie bien sur le fait que c'est une femme qui ignore qu'elle est une femme, c'est tellement énorme que ça nous sort de l'histoire !
Nos héros ont à contrôler ce vaisseau pendant 53 jours, en vivant avec le climat de suspicion au sujet d'un passager clandestin dont ils ignorent les intentions et évidemment ils sont en danger, un personnage se retrouve blessé et nécessite une opération chirurgicale, alors que les candidats ne sont pas médecins... Voilà, je n'ai rien dit de ce qui se passe au-delà de quarante minutes de ce film qui dure une heure et demie. Je vous laisse rêver au splendide rattrapage de l'affaire dans les cinquante dernières minutes. Je n'indique que quelques trucs sur la suite dans un cache spoiler.
Tezuka en personne a soutenu le projet de l'autrice, nous apprend la page Wikipédia. OK, d'accord ! Grand bien lui fasse !


Bon, pour l'opération chirurgicale. C'est le héros lui-même qui sauve le blessé, mais comme c'est son action qui a blessé l'autre il est suspect quand même, surtout pour le roi. Mais pourquoi sauve-t-il celui qu'il a blessé ? Personne ne cherche de cohérence à rien. Ils sont l'élite, oui ou non ?
Le blessé sort lui-même de sa chambre pour venir défendre le héros menacé d'être incarcéré et il nous dit, pirouette cacahuète : "C'est ma faute aussi, je n'ai pas mis la sécurité !" Ah, bravo !
Le héros redevient le suspect tout de suite après, ne vous inquiétez pas, c'est mécanique.
Je voulais critiquer une autre anomalie, mais j'ai oublié laquelle.
Après, je remonte de deux à trois étoiles. Il y a un petit savoir-faire dans l'atmosphère du récit et surtout même si ce n'est pas exploité avec brio je trouve plutôt bonne l'idée qu'il y a une plante dans le vaisseau qui provoque à une certaine chaleur l'apparition d'un virus. La température du vaisseau monte progressivement au cours du périple et le virus ne surviendra que dans un second temps. J'ai trouvé cela plutôt satisfaisant du point de vue de la conception, ça passe naturellement et ça ne fait pas trop con, ce n'est pas un truc attendu sur un vaisseau perdu dans l'espace où on aurait plutôt soit la montée de la température, soit le virus, soit autre chose. C'est pas que l'idée soit géniale, parce que c'est rien que le déclencheur de virus la température, mais c'est juste que ce truc arrive à créer un certain naturel, il ne se passe rien, mais les gens jouent la montre. Ils souffrent de la chaleur, mais pas encore du virus, etc. Cet aspect-là passait bien.

davidson
3
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le 16 nov. 2020

Critique lue 100 fois

davidson

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