Il y a deux ans, j'ai vu Inunaki : Le Village Oublié, de Takashi Shimizu. C'est l'histoire d'un village chelou dans une forêt maudite où tout le monde se suicide, et ceux qui l'ont visités sont frappés d'une malédiction qui les pousse au suicide. C'était une horrible purge au rythme assommant, et une insulte à l'intelligence, alors je lui ai collé un 3 bien mérité.
Cette année, comme je suis un peu maso, je remets le couvert avec Jukai Mura : La Forêt des Suicides. Vous le sentez venir, c'est exactement la même histoire, avec un village chelou dans la forêt, une malédiction et une bande d'ado qui se suicide. Sauf que cette fois - et j'en suis le premier choqué - ça fonctionne beaucoup mieux et j'ai passé un très bon moment alors que je suis un vrai pisse-froid du cinéma d'horreur Japonais.
La réalisation est bancale, ce n'est pas très bien joué et la colorimétrie change d'un plan sur l'autre alors que le Japon est la capitale mondiale des caméras de luxe, mais à ce stade, ça fait presque partie du contrat. Même des mecs comme Takashi Miike qui tournent 4 films par an sont encore infoutus de calibrer leur matos et d'assembler les morceaux en un tout visuellement cohérent. Mais je m'égare.
Jukai parvient à rester intéressant durant ses deux longues heures et déborde d'idées. Il met en place une mythologie assez touffue avec juste assez de mystère pour dévoiler de nouveaux éléments à intervalle régulier et garder le spectateur investi dans l'enquête, tandis que les protagonistes meurent l'un après l'autre dans des circonstances funestes.
Funestes mais pas franchement effrayantes car le film ne réussit jamais vraiment à faire peur. Heureusement qu'il est aussi généreux, parce qu'entre les visions, les esprits, la boite (la boite !), les morceaux de doigts et les balades en forêt, il y a plein de pièces à recoller, plein d'idées sympa et même une ou deux scènes choc qui réussissent à crisper. Parce que j'ai beau ne pas avoir hurlé dans mon siège, le fait est que cette saleté de boite instaure un vrai sentiment de danger et de malaise, et s'entoure d'une épaisse aura de mystère que l'on effeuille peu à peu.
Le film utilise aussi la technologie avec pas mal d'inventivité, comme dans sa scène d'ouverture en mode live stream (avec les commentaires de l'audience) ou la scène des photos. Dommage que la fin en fasse des tonnes et se montre d'un coup beaucoup trop démonstrative, car c'est aussi le seul moment où les effets spéciaux, jusqu'ici étonnamment solides, se cassent franchement la gueule.
Bref, ce n'est pas le film de l'année, mais dans la catégorie "horreur Japonaise" où la barre est plutôt basse, c'est tout à fait honnête. J'en suicidéré.