Pour apprécier Julia, le film, il faut accepter de faire corps avec Julia, le personnage, femme à la dérive, alcoolique et prête à tout pour gagner un peu d'argent, en l'occurrence enlever un gamin. Il est surprenant de retrouver Tilda Swinton, actrice habituée aux compositions de femme glaciale, dans le rôle, et pourtant, passés quelques minutes, elle semble évidente tant le personnage l'habite. Des longueurs et un grand regret-le jeune acteur ne sait pas jouer, ce qui crée un déséquilibre trop important entre les deux personnages- sont les défauts du film. Mais Zonca parvient à insuffler au film un certain souffle, tout en ménageant le suspense à partir de rebondissements qui paraissent toujours vraisemblables. Il ne cède ni à la complaisance ni à la facilité dans l'écriture pour signer un beau portrait de femme, mais qui laisse paradoxalement un peu de marbre, le spectateur ne se sentant jamais véritablement concerné par les enjeux du récit.