Oh, mais c’est notre ami David S. Goyer qui est à l’origine de ce scénario ? Décidément, son style provoque chez moi d’inévitables allergies (enfin faut faire la part des choses : Dark city, Blade 1&2 et les deux premiers opus du chevalier noir compensent-ils Blade 3, man of steel, TDKR ?)… Et il me semble important de souligner l’importance de la contribution de Simon Kinberg, responsable de xXx², Mr & Mrs Smith, X-men l’affrontement final et Abraham Lincoln chasseur de vampires… Toujours est-il que Jumper est effectivement un film de petit malin. Il applique un concept fantastique simple à monsieur tout-le-monde, espérant ainsi immerger son public jeune dans la découverte de cet univers aux capacités nettement plus étendues maintenant que les barrières de l’espace sont affranchies. Et effectivement, le concept fonctionne. Ce film pourrait d’ailleurs être considéré comme le cousin sage de Hollow Man, où là encore, un pouvoir surnaturel était remis entre les mains d’un beauf inconséquent. Ici, pas question de meurtres en masse (c’est un héros, hein), mais un parasite qui se sert de son pouvoir pour braquer des banques et exploiter le monde qui l’entoure pour son petit divertissement personnel. De maigres tentatives d’empathie viennent étoffer le script (mère disparue, père absent et violent), en vain, l’amoralité ambiante imprégnant le projet, ruinant toute tentative de prendre sérieusement l’histoire. Et pourtant, le film jouit d’une incroyable popularité. Probablement par le rapprochement entre l’individualisme du héros pour son confort personnel, qui nous fait rêver à ce que nous ne possédons pas (par de petites touches quotidiennes comme le fait d’être si paresseux que David préfère se téléporter à côté de la télécommande plutôt que de se lever pour la prendre). A juste titre, un de mes amis se demandait pourquoi après toutes ces années, David n’était pas devenu obèse à force de ne pas se déplacer normalement, il ne croyait pas si bien dire… Et comme notre héros regarde les désastres aux infos en buvant un coca avant d’aller à la finale mondiale de rugby, on se dit qu’on va probablement se faire chier. Mais les enjeux arrivent vite ! Il faut conquérir Millie, son amour de jeunesse, et surtout, échapper aux paladins, les traqueurs de Jumper ! Des fanatiques opérant depuis le moyen âge (les sorcières, c’était eux !) qui se font un devoir moral de traquer les jumpers où qu’ils soient sur le monde, dirigés par un Samuel Lee Jackson en pétard avec tous ses cheveux blancs. Autant dire que je souscris immédiatement à leur cause pour éradiquer cette vermine qui, c’est le cas, vit en parasite, de vol et de rapine, et qui en vit très bien. Peu importe la surenchère en effets spéciaux qui fleurit au fur et à mesure du film (les combats contre les paladins sont parfaitement bien chorégraphiés), les dilemmes moraux de pacotille et la glorification des intérêts purement personnels (David ne pensera jamais à quelqu’un d’autre que lui-même), l’important, c’est le constat final. Je suis riche, la femme que j’aime sait que je pille des banques et elle s’en accommode très bien (je lui ai sauvé la vie quand même, à cette gourdasse), et je vous ris au nez. J’étais un crétin avant, comme vous (tiens, ça me rappelle Wanted), mais maintenant, je suis tellement plus, je vaux tellement mieux, et surtout, je profite tellement de la vie. Aider son prochain, c’est bon pour le cinéma. Profiter de la vie, c’est la dernière chose qu’il nous reste à nous autres, individus. Si vous avez un moyen de contourner les règles, allez-y ! Gavez-vous ! Profitez ! Jouissez ! Et jetez quand vous avez fini de vous en servir ! Vos sentiments justifient tout, et tout n’étant qu’une question de point de vue, de quel droit pourrait-on vous juger (je pense notamment à Mark, un connard, certes, dont David détruit complètement la vie et l’avenir comme ça, parce qu’il peut) ? Le monde part en couille, pourquoi ça serait à vous de le changer ? Hein ? Hein ?

Créée

le 12 oct. 2013

Critique lue 999 fois

6 j'aime

2 commentaires

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 999 fois

6
2

D'autres avis sur Jumper

Jumper
Gand-Alf
3

Le grand sot.

Après avoir mis en images l'affrontement pyrotechnique du couple Angelina Jolie / Brad Pitt dans le sympathiquement con Mr and Mrs Smith, Doug Liman adaptait en 2008 un roman de Steven Gould, avec...

le 7 déc. 2015

22 j'aime

2

Jumper
Rano84
6

Joli Jumper

Avec Jumper, ne cherchez pas à comprendre le pourquoi et surtout le comment..... Le film est la pour mettre en avant Hayden Christensen et faire baver les minettes encore dans un trip d'idolation de...

le 14 mai 2013

21 j'aime

2

Jumper
Bastien_Rae
7

Critique n°216: " Tu t'éclates à Jumper partout mais tu n'as pas conscience de ce que fais"

Des surprises j'en ai vu pas mal depuis que j'ai commencé à regarder des films et surtout depuis que je suis en age de comprendre un film. Mais alors là, en voyant les critiques, les notes, les avis...

le 3 janv. 2016

11 j'aime

Du même critique

Alien: Romulus
Voracinéphile
5

Le film qui a oublié d'être un film

On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...

le 14 août 2024

178 j'aime

48

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

102 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36