On le sait, Spike Lee est obnubilé par son district, Brooklyn et son melting-pot racial. Après une comédie dramatique, Do The Right Thing, il s’attaquait à sa première vraie tragédie : Jungle Fever.
Le style Spike Lee est désormais bien connu après 5 films : on tourne à Brooklyn, on parle de la lutte des races sous fond d’adultère et/ou de sexe libéré, un des personnages aura un nom compètement fantaisiste (Ossie Davis, ici), tout en s’assurant que les dialogues comportent leur lot d’insultes raciales, qu’on énumèrera au moins une fois pendant le film : ici c’est Wesley Snipes qui s’en charge, pendant un repas avec Annabella Sciorra. Où Jungle Fever diffère énormément des autres films de l’auteur, c’est qu’on ne rit presque jamais. Le film est une pure tragédie dans la lignée des grandes sagas d’amours contrariées. Point de salut pour la famille Purify, dont seul la petite fille finira heureuse (mais inconsciente), point de salut non plus pour la famille Tucci. Seule l’histoire d’amour très touchante entre un excellent John Turturro et la toujours très juste Tyra Ferrell (ça doit être le nom qui fait ça) connaît une fin en demi-teinte. Et pour ce qui est de la tragédie, Spike Lee s’en sort vraiment bien, grâce à un scénario qui monte crescendo avant ses 10 dernières minutes, déchirantes. Il est alors d’autant plus dommage que Spike Lee n’y aille pas avec le dos de la cuillère mais avec le tranchant de la tronçonneuse… A trop jouer sur la misère humaine, le film semble parfois trop manipulateur et donc pas assez sincère.
Ne nous y trompons quand même pas, Jungle Fever est un sacrément bon film, très bien mis en scène. Juste un peu exagéré par moments. Dommage.