Je vous préviens tout de suite, sous des dehors libérés, modernes et branchés/branchouilles, Juno est un film un peu conservateur. Et ça, je le sais, ça peut rebuter bien des gens qui aiment qu'on les caresse dans le sens du poil ou qui se targuent d'un certain degré de perversion parce que Sade est un type plus cool que l'abbé Pierre.
Pour ne pas spoiler exagérément, la question porte donc sur le devenir immédiat d'une adolescente enceinte un peu trop tôt, un peu trop vite. Bien entendu encore, certains prendront son devenir personnel comme une puissante métaphore de ce que devraient faire TOUTES les adolescentes enceintes et crieront au scandale, les cons. Ce qui fait que ces gens là ont ordre de ne JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS louer Matrix ou ils vont se mettre tous à apprendre le kung-fu pour tabasser le premier policier qu'ils rencontreront.
Maintenant, ce film fait preuve à mes yeux d'un défaut qui peut le rendre hautement insupportable : les adolescentes faussement ultra-cool qui sortent des répliques qui tuent d'adulte qu'à côté Daria c'est une trisomique, au bout d'un moment ça peut finir par lasser. Le côté branchouille est un peu porté au paroxysme, peut s'en faut qu'on cite Nietzsche au tout passant. Sans doute qu'être le père de la fille, on oscillerait entre la fierté de sa rapidité d'esprit et l'arriéré en baffes impayées.
Pour le reste le jeu d'acteurs est bon, les petites leçons de vie amusantes et malgré la tentative de l'héroïne - la faute à une imagination pas suffisamment fertile ni consentante - je n'ai pas réussi à imaginer le sexe de Michael Cera sous son short de coureur.
Ceci dit, reste un plaisir incomparable que l'on peut s'offrir grâce à ce film, c'est le mater en compagnie de quelqu'un qui a sincèrement adoré American Pie 24 et ses dérivés, juste pour le choc. Ah tiens, juste pour casser les pieds de ceux qui votent 1 sur SensCritique pour raisons morales : l'avortement, c'est mal ! (si c'est vraiment si rédhibitoire, louez Sex and the city à la place !).