Juno, 16 ans, tombe enceinte, décide de mener la grossesse à terme et de donner son enfant à l'adoption. Et elle n'a pas sa langue dans sa poche.
Je ne m'intéresserai nullement à l'aspect pour/contre l'avortement, chacun se fera son idée là-dessus (libre à vous d'y voir un message réac, libertaire ou anti-ce que vous voulez, je n'en ai rien à foutre, ce n'est pas ce qui m'intéresse ici). La scène où l'héroïne se retrouve au planning familial laisse sans doute peu d’ambiguïté à cet égard mais beaucoup y vont aussi vu un message en faveur du libre choix.
Juno est un film faussement chaleureux, centré sur son héroïne, un surprenant petit bout de femme à la malice et à l'ironie communicatives. De savoureux numéros d'acteurs, Ellen Page et JK Simmons en particulier, et d'autres plus insipides comme Michael Cera (il s'améliorera sans doute avec l'âge, quand on ne lui confiera plus des rôles d'ado ou de benêt), les bons mots fusent comme au ping-pong, les bons sentiments et ballades folk aussi.
J'aimerais revenir sur les défauts communément associés au film, en-dehors du message inévitablement polémique sur l'avortement.
Les références musicales par trop pointues de l'héroïne sont sans doute hors de portée d'une fille de 16 ans, et alors? Le cinéma revendique depuis longtemps le droit de s'affranchir des contraintes du réel ("suspension of disbelief"), et je n'aurais sans doute jamais découvert Sonic Youth sans ce film. C'est une pseudo-rebelle soi-disant peu conformiste mais une consommatrice effrénée? Elle est juste à l'image de la société qui la fabrique. Elle a la langue bien pendue? Les dialogues c'est aussi ce qui en fait tout le sel.
Juno est digne d'intérêt parce qu'il porte un regard sur l'adolescence qui va plus loin que le sexe ou tous les autres clichés qui y sont généralement associés.