Féérie du chaos
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Au niveau narratif, le film se décline en 2 parties. Une intro de 1h de fan service aux nerds étasuniens férus de dinosaures et le reste d'intrigue hollywoodienne vue 1000x déjà et destinée au public de blockbuster typique.
La première partie, cette introduction interminable, est composée comme une publicité ou documentaire sur ce parc inexistant ou comme l'abstract d'un article scientifique rêvé des paléontologues. Comme si l'auteur du scénario s'était tant emballé sur l'idée de départ qu'il en aurait oublié de développer le reste. Idée qui si ma foi aussi irréalisable qu'intéressante, ne méritait pas 1h de louanges.
Bon tout ne tourne pas autour du fan service, il y a dans cette introduction, presque par contrainte, des éléments narratifs comme la présentation des personnages. Personnages au passage aussi plats et ratés que leur présentation est sommaire : le comique spaz drague la fille mais elle penche plutôt pour Indiana Jones qui n'aime malheureusement pas les enfants mais pas pour longtemps puisque made in Hollywood. Le personnage le plus développé étant celui du patron, c'est le concepteur de ce parc et à ce titre il est celui qui se rapproche le plus du scénariste dans le sens où il doit sans cesse défendre son bébé chéri et le vanter tout le long.
Enfin, on y développe la vielle notion chrétienne étasunienne qu'il ne faut pas jouer à dieu. Mysticisme philosophique usé jusqu'à la corde par des décennies de production étasunienne.
Cette intro se clôturant par le nerdgasm émotionnel de la scène du tricératops on bascule dans la seconde partie, la vraie intrigue.
Comment? en réalisant justement la prophétie de Malcolm, l'inévitable lorsqu'on joue avec la nature : la punition karmique!
Je conçois fort bien qu'en vérité un parc monté de la sorte ou même la notion de ramener des espèces disparues dans notre écosystème me rendrait nerveux et que la question est justifiée et sensée. C'est juste la résolution mystique d'une question scientifique qui me chagrine et plus encore, sa raison d'être : une méthode narrative bidon qui essaye d'élever le niveau du film en lui donnant une connotation spirituelle.
Bref là on rentre dans un chaos narratif total parsemé d'innombrables invraisemblances dues au fait que ces gens prennent toujours la plus mauvaise décision à chaque instant au point de se montrer carrément moins intelligents et aptes à la survie que des dinosaures qui eux apprennent à ouvrir des portes... oui monsieur!
Les incohérences de cette partie ne s'arrêtent pas là, le paléontologue, par exemple, connaît toutes ces espèces comme s'il les avait étudiées pendant 20 ans dans la forêt, le système informatique est plus pervers que HAL, le vieux qui continue de justifier son parc dans tout ce désastre et l'humour et ambiance de promenade en plein danger sont parmi mes préférées. Sans parler du tyrannosaure ninja de la fin que personne n'a vu venir même ces traqueurs de vélociraptors :3
Bon ça c'est ce dont je me souviens au niveau narratif, les autres aspects serons vus brièvement, je leur accorde beaucoup moins d'importance.
Le plus gênant tout de même est le jeu des acteurs. Couplé à des dialogues souvent à coucher dehors, il contribue amplement à cet effet d'ambiance peu réaliste, hasardeuse et presque amateur.
Ensuite les effets spéciaux, bien que parfois carrément bâclés aux perspectives et lumières dissonantes, ils sont globalement très impressionnants. Conjugués avec une réalisation fort standard, l'immersion laisse peu à désirer pour autant que les personnages ne parlent pas.
Finalement, la mise en forme du suspense, la musique, le montage et les effets sonores suivent les méthodes hollywoodiennes et donc bien que je ne les aime pas pour leur manque d'originalité et de réalisme caractéristiques elles fonctionnent pour le public de blockbuster.
La critique esthétique terminée, je voudrais dire un mot sur l'engouement autour de ce film à sa sortie comme apparemment dans les critiques de ce site aujourd'hui. Je conçois que les films de Spielberg soient pour beaucoup des oeuvres qui ont énormément marqué la culture étasunienne par leurs sujets et leurs univers ainsi que le ton familial et l'ampleur des campagnes marketing. Mais si les effets spéciaux justifient la bonne réception à sa sortie, je ne vois pas trop ce qui justifie cette note de 7.4 de nos jours sinon la nostalgie. Car pour ma part, je ne l'ai pas vu étant jeune et je pense que cela joue énormément, je me demande ce qu'en pense la nouvelle génération.
Bref un film entre le médiocre et le pas mal qui a su garder son statut de film énorme au fil des décennies. Si vous n'aimez pas particulièrement Spielberg, les films familiaux ou les blockbusters, passez votre chemin, ce film n'a pas grand chose à vous offrir.
Créée
le 6 juin 2015
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