Après avoir entamé une nouvelle trilogie mettant en contexte les mythiques et fameux dinosaures dans un premier blockbuster décomplexé, il était tout à fait évident que la suite n’allait pas tarder à voir le jour. Étant donné que les dinosaures au cinéma ont toujours été un plaisir incontournable sur le grand écran, Colin Trevorrow, Steven Spielberg et les producteurs du précédent volet se sont mis d’accord qu’ils faillaient partir vers une nouvelle direction scénaristique et ne plus faire une histoire d'un groupe d'humains se mesurant à une espèce menaçante, lors d'une mission de survie.
Ces derniers ont pu trouver un contexte permettant d’étendre la saga commencée par le premier Jurassic Park sur plusieurs volets. Le point le plus primordial pour atteindre cet objectif était bien évidemment le scénario, et surtout comment développer et enrichir l’univers des dinosaures, avec ce qu’il a été fait auparavant.
Cette suite est donc un épisode qui se distingue énormément des précédentes productions puisqu'il s'agit de l'évacuation de dinosaures de leur île, suite au réveil du volcan d'Isla Nublar, menaçant de les exterminer sur leur propre territoire. Suite à la prise connaissance de ce tragique événement, l’humanité se pose les questions suivantes : Les dinosaures doivent-ils être évacués ? Peuvent-ils avoir les mêmes droits que les espèces protégées ? Des questions auxquelles la civilisation peut trouver les réponses lors d'un débat politique et juridique.
Je dois dire que c’est un point intéressant à étudier, surtout qu’on parle de dinosaures créés par des scientifiques, et non pas des dinosaures nés naturellement et que certains d'entre eux n’hésiteraient pas à bouffer n'importe quel être humain qui se mettrait à travers leurs chemins. Tout le film se base sur cette réflexion méritoire, sachant si cela vaut bien la peine de laisser sa peau en secourant ces malheureux êtres préhistoriques.
C’est ce qu’on peut comprendre au début du long-métrage mais ce n'est qu'une fausse impression, cachant un autre contexte assez inattendu. Le réalisateur Juan Antonio Bayona traite un sujet très pertinent, en allant bien plus loin que la naissance ou de la création de nouvelles espèces, celui de la conversion des dinosaures en armes ou l’exploitation de ces êtres pour répondre à des besoins pharmaceutiques.
Je dois dire que c’était un sujet qui a bien suscité ma curiosité. Malheureusement, le scénario est loin d’être intelligemment bien écrit, il est bourré de quelques incohérences ou de bizarreries qui ne collent pas avec l’univers des dinosaures. Tout d’abord, il faut savoir que le film commence par une première partie qui est la mission de sauvetage des dinosaures, une partie forte en tension et tendue, surtout que les dinosaures ne se laissent pas capturer aussi facilement et que la lave peut couler sur toute l’île d’un moment à l’autre.
La production commence très fort par cette mission de sauvetage à haute risque, on retrouve presque l’esprit des précédents films, avec un danger supplémentaire qui est l’éruption d’un volcan, catastrophe naturelle qui va donner du fil à retorde à la fois pour les humains et pour les dinosaures.
Malheureusement, c’est une partie qui est assez vite expédiée, nous laissant à croire que les producteurs voulaient passer rapidement à une seconde partie se déroulant dans le manoir d’un ancien collègue de John Hammond, dirigé par un associé ayant des intentions infâmes et abusant de la fortune de ce dernier. Voir les dinosaures enfermés dans un garage et être vendus aux enchères ne m’a pratiquement rien fait comme effet, j’ai trouvé cette situation totalement grotesque.
Je sais bien qu’il fallait un peu renouveler l’univers mais pas en donnant un aspect de déjà vu, c’est limite du n’importe quoi et ça fait perdre de la valeur à cette franchise. Il aurait plus avantageux et plus louable de faire un film se déroulant uniquement que sur l’île car s’il faut bien reconnaître une chose dans cette série de films, c’est que les dinosaures ont toujours été de la pure distraction quand ils se manifestent dans leur propre environnement. Bien que la production perd légèrement d’intérêt avec cette seconde partie extravagante, elle s’en sort très bien avec des scènes d’action bien tournées, garantissant un divertissement très jouissif, avec des images à couper le souffle.
Juan Antonio Bayona a développé une vision très prenante pour ce qui de mettre en contexte les dinosaures et définir leurs dangerosités, bien que je trouve assez frustrant de voir le tyrannosaure (la star des dinosaures) au second plan, voire même troisième plan, surtout si c’est pour le supplanter par une nouvelle espèce pas aussi captivante que l’Indomniux Rex, le dinosaure tueur qui m’impressionnait pas mal pour sa discrétion et son imprévisibilité dans le précédent volet. Fort heureusement, les dinosaures sont tout de même les stars de cette suite, même s'ils sont moins exploités que ceux du premier long-métrage, avec un casting humain qui fait toujours l’affaire, composé d’acteurs campant avec sérieux leurs personnages tels que Chris Pratt et Bryce Dallas Howard.
Le premier bénéficie d’une écriture de son personnage plus développé et plus détaillé que celle du précédent volet, on apprend plus sur lui, sur son dressage des raptors et il a un rôle plus combatif. Quant à Bryce Dallas Howard, elle est la même mais plus en mode aventurière, malgré sa tendance à surjouer son personnage comme le moment où elle sort son pitch de Greenspace loin d'être persuasif.
En plus de leurs présences, on peut noter quelques idées très judicieuses et astucieuses pour refléter une image encore plus terrifiante et plus sensationnelle des dinosaures, dont notamment l’introduction et un emploi magistral des reflets, des lumières de l’orage et de l’environnement, avec des images spectaculaires comme le tyrannosaure tenant le bout d’une échelle entre ses dents. Malgré quelques petits trucs qui ne passent pas, on ne peut qu’être ébahi par une ambiance très carabinée, donnant subliment au long-métrage une apparence de film d’horreur, un aspect tout à fait approuvable pour ce qui est de renforcer le potentiel des dinosaures.
On compte malheureusement pas mal d’incohérences, des choses impensables comme :
La petite fille qui se réfugie dans son lit, le militaire tirant deux malheureuses fléchettes sur un dinosaure et qui ouvre la cage par la suite ou le petit dinosaure qui défonce un mur.
Des incohérences mais compensées par des idées très appréciables, émouvantes ou récréatives comme :
La mort du brachiosaure au bord l’île, avec une fumée épaisse s’approchant vers elle. L’extraction du sang sur le tyrannosaure anesthésié. Chris Pratt qui tente de se relever péniblement en voyant la lave s’approcher vers lui. BLUE embrochant l’indoprator sur les cornes d’un squelette de dinosaure.
Et pour nous faire plaisir, les scénaristes n’ont pas hésité à intégrer pas mal de références-clés des précédents épisodes comme :
La fille qui ferme la trappe d’un monte-charge ou le plan cadré sur la patte de l’indoprator, le tableau de John Hammond et son manoir qui peut être vu dans Le monde perdu.
Si je dois compter les qualités et les défauts de cette suite, je compte quand même plus de bonnes choses que de choses négatives, même si c’est une vision qui a du mal à se faire accepter avec sa seconde partie en format de huis clos, même si Jeff Glodblum a une présence assez minable de son personnage joué dans les deux premiers Jurassic Parc.
On va dire que la base est satisfaisante et que les dinosaures répondent à l’appel pour nous estomaquer, surtout quand on emploie des animatroniques pour les rendre encore plus vivants que ceux du précédent film, avec une intégration des effets visuels rendant les scènes de combat de dinosaures encore plus redoutables que celles du précédent long-métrage. La fin prend une tournure assez inattendue et incroyablement stupéfiante, elle m’a fait rappeler une des plus célèbres citations du professeur Allan Grant dans le premier Jurassic Park qui est la suivante :
Le monde change si rapidement que nous courrons tous pour le rattraper. Je ne voudrais pas tirer de conclusions hâtives, mais... le Dinosaure et l’Homme, deux espèces séparées par 65 millions d’années d’évolution, viennent tout à coup de se retrouver face à face. Comment serait-il possible d’avoir la plus petite idée de ce qui va se passer ?
Et j’approuve totalement cette fin qui semble bien prometteuse pour développer des suites que j’ai hâte de les découvrir. 7/10
Il doit avoir un garage bien balèze !