Après un Jurassic World en demi-teinte pour ne pas dire catastrophique, dont les souvenirs me sont de plus en plus lointains, c’est avec une attente toute relative que je m’apprêtais à découvrir la suite de cette franchise qui semblait maintenant usée et dépassée.
Ce nouvel opus n’est pas exempt de défauts, il se présente à l’image de son ainé avec son lot d’incohérences et de personnages tellement idiots et insupportables que nous en viendrions presque à crier de désespoir. Je n’ai qu’une seule question à poser... Pourquoi ? Pourquoi après tant d’années, pourquoi après trois opus de la saga Jurassic Park, pourquoi après Jurassic World premier du nom, on se sent encore l’envie et le besoin de nous présenter des personnages peureux passant une bonne partie du film pour ne pas dire son entièreté (car en effet c’est un véritable archétype, ce personnage aussi peureux que lâche viendra tout de même au moment opportun embrasser son moment de gloire avec un courage indéniable) à pleurer et à se lamenter. Pourquoi après tant d’années, il parait encore utile de nous présenter des personnages dont la simple fonction est d’être « le sbire, du grand méchant, complètement idiot et insipide ». Reproduisant ainsi des erreurs déjà commissent dans les précédents volets et qui, bien qu’acceptable au début, nous sembles aujourd’hui tout à fait révoltantes. Pourquoi ?
Les personnages principaux semblent quant à eux évoluer dans une confusion totale. L’absurdité du personnage de Claire se fait témoin de ce phénomène. Comment d’un film à l’autre un personnage peut-il à ce point changer dans ses idéaux ? Dans le premier film de cette nouvelle saga, la jeune femme apparaissait comme froide et distante à l'égard des dinosaures qui peuplaient son monde professionnel. Ils n'étaient finalement que source de revenue. Business woman implacable, elle devient finalement dans cet opus une activiste engagée, militant pour les droits et la survie de nos chers dinosaures. Plus qu’une simple évolution, nous avons l’impression de venir à la rencontre d’un tout autre personnage.
Pourtant, malgré ces quelques points irritants, je ne peux nier avoir passé un moment plus qu’agréable au visionnage de ce film.
Mon esprit est d’ores et déjà imprégné par certaines scènes. Tintée d’un impact émotionnel fort, la scène montrant une larme coulée le long de la joue de Blue nous rappelles à quel point ces créatures sont vivantes. A mon sens cette simple scène, ce simple plan, légitimise le combat menait par Claire et Lockwood. De même, lorsque les personnages finalement montaient à bord du bateau pour quitter l’île avant sa disparition, amorcée par les caprices d’un volcan en irruption, laissent sur celle-ci un dinosaure succombant à son destin tragique, l’empathie emporte finalement la victoire sur notre raison. Ce film est finalement construit autours d’un débat actuel, étendant les luttes pour la cause animale à la cause des dinosaures. Le spectateur est donc d’autant plus concerné que ce film fait écho à notre actualité.
La réalisation est marquée par quelques fulgurances produite par Bayona. Quelques points sont aussi ingénieux qu’intéressant. Je pense notamment à la scène ou la caméra accompagne les personnages prisonniers de la gyrosphère tombée à l’eau, offrant une sensation d’immersion totale pour le spectateur. Nous assistons impuissant à la chute de tout ces dinosaures, dans un spectacle visuel remarquable. Certains plans se font considérables tant par leur sens, que par leur beauté signifiante. Le plan mettant en scène l’Indoraptor au clair de lune raisonne d'une par, par sa beauté indéniable mais aussi car il est significatif : il peut s’avérer annonciateur de la mort imminente de l’animal. Finalement devant la pureté de la lune, nous avons un monstre sanguinaire s’apprêtant à poursuivre à mort chaque être vivant qui par malheurs croisera son chemin. Bien plus que dans la simple composition du plan, c’est aussi dans le fond qu’émane toute la beauté de cette scène.
Finalement, bien que n’égalant guère le niveau de Jurassic Park (c’est d’ailleurs un exploit qui me semble hors de portée pour cette nouvelle trilogie), Fallen Kingdom s’avère être un film intéressant et prenant si nous sommes assez ouvert pour accepter ses erreurs et maladresses. Symboliquement, avec ce film, le monde de Jurassic World s'écroule pour mieux renaître de ses cendres.