"Jurassic World : Fallen Kingdom" ne m'a pas déçue. 5e opus d'une saga dont chaque film est plus redondant que le précédent, il a ici le mérite (ou le culot) d'abandonner toute idée de scenario. A la place, il se dénude, nous avouant tantôt de manière grandiloquente tantôt de manière honteuse que la logique marchande primera toujours, à la fois dans le film et pour le film. Car "Jurassic World : Fallen Kingdom montre dans une mise en abîme piteusement maîtrisée que la saga ne pourra jamais s'arrêter, quand bien même elle serait condamnée à se répéter à l'infini.
Jurassic Park n'a jamais été une bonne idée : qu'il s'agisse des dinosaures, ou de l'indominus rex et enfin de l'indoraptor, la recréation récréative de monstres millénaires est pure folie. La question que se posent les scientifiques des laboratoires pour leur public, ainsi que les producteurs de la saga pour le leur se résume ainsi : quel monstre peut encore étonner aujourd'hui ?
Toutefois, ce film a un côté rafraîchissant, notamment dans la première partie qui se déroule sur Isla Nublar. Les scènes sont belles, le volcan gronde, la pression monte et le capharnaüm est total. Nos protagonistes - qui d'inconscients qu'ils étaient dans le premier opus, ont perdu toute trace de vraisemblance - partis avec un commando greenpeace sauver le fruit de la démiurgie mégalomane des hommes se trouve pris au piège entre une milice mercantile et les laves volcanique.
Sans rire, la fuite des grands reptiles terrorisés et leur chute du haut de la falaise a quelque chose de sublime. Les images sont prenantes, saccadées. Hommes et dinosaures se trouvent démunis face à la puissance de la nature. Enfin, la mort du brachiosaure, abandonné sur le port par nos héros en fuite sur leur bateau est pleine de sens : du regard de l'animal - un regard qui ne dit rien -on retient tout, toute la faute des hommes et toute la honte qui doit les accabler.
La deuxième partie du film s'enfonce peu à peu dans le nanardesque. Se succèdent un méchant banal, des ventes aux enchères de dinosaures, des courses poursuites, une petite fille, des bébés dinosaures, des bisous, des réflexions lambdas, des moments comiques et d'autres qui cherchent le suspense, qui tâtent l'effroi (cf. Jeux d'ombre et reflets assez beau mais très caricaturaux).
Finalement, le film, par manque d'ambition scénaristique, sombre dans la métaphore de son propre mercantilisme. Les vannes restent grandes ouvertes. Du laboratoire de savant fou sans aucune surveillance aux cages ridicules, tout un fabuleux monde de papier se dandine dans chaque pièce pour nos beaux yeux. Même le terrible indoraptor fait pâle figure à côté de l'indominus rex ! Comme si le scénariste avait même abandonné l'écriture du dinosaure le plus terrible de l'histoire (des hommes). C'est donc sans grand étonnement que la mignonne petite descendante de Lockwood appuie sur le bouton rouge et laisse s'échapper les dinosaures dans la nature à la fin...
Et ainsi Hollywood s'esbaudit en regardant de son oeil malicieux son oeuvre se répandre dans chaque maison des Etats-Unis...et bien plus encore !!!