Chloé est une grande rêveuse. Croyant fermement à l'amour parfait et au prince charmant, la jeune femme s'évanouit régulièrement dans les songes les plus éthérés avec pour seule compagnie ses aliénations et la sobre superficialité d'une vie qui ne lui convient pas. Jusqu'au jour où une valise rouge égarée se retrouve par un heureux hasard sur le pas de sa porte. Son propriétaire, Jack, un américain lunaire dans la tourmente d'une relation se consumant à grandes flambées, lui est inconnu. Et pourtant il suffira à Chloé de mettre son nez dans ses affaires pour tomber irrémédiablement amoureuse de lui, privilégiant la pensée fugace de l'esquisse romanesque à l'abrupte réalité.
Premier long de Jennifer Devoldere, Jusqu'à toi subit les stigmates de l'inexpérience à plusieurs échelles, à commencer par cette envie encombrante de nous livrer un univers évanescent et décalé au détriment d'une histoire profondément ancré dans les malaises affectifs qu'elle tente de dépeindre, s'éloignant trop souvent de ces personnages nécessairement foudroyés par la légèreté à travers clichés récurrents et manque d'entrain tant dans le scénario, un rien surfait, que dans la mise en scène, esthétiquement soignée mais hélas trop sage pour épouser la folie qu'elle tente d'illuminer. L'enchantement s'en retrouve in extenso désenvoûté par une redondance générale qui laisse entrevoir un manque cruel de surprises et de magie, pourtant vital dans le contexte romantique ici établi.
Reste la performance de Mélanie Laurent, pleine de facéties et de frivolité, et celle de Justin Bartha, parfait dans les vêtements défouraillés de ce jeune bohème partagé entre harmonieuse mélancolie et joies désabusées. Dommage que l'on ne s'attache guère plus à leurs personnages, car l'originalité elle ne manquait pas.