Que les intentions soient louables, d’accord. Mais que le dosage soit aussi mauvais transforme le parfum social en exercice d’intégration pour les nuls où riches et pauvres, citadins et banlieusards sont caricaturés jusqu’à plus soif. On ne comprend vraiment pas ce qui pousse Mohamed Hamidi à tirer du bien de toute chose, à l’instar d’un Pangloss pour qui tout est nécessairement pour la meilleure fin : en résulte une impression de fausseté qui imprègne l’entièreté du long-métrage, enferme ses acteurs dans des rôles factices et dépourvus de profondeur, détourne le choc des cultures vers quelque chose de curieusement aseptisé où rien n’est grave, où difficultés et âpretés se balayent d’un revers de main, contre argent comptant. Car si la monétarisation des banlieues constitue un fait réel, la façon dont le film s’en sert la rend presque sympathique. L’intérêt que présente aussitôt Jusqu’ici tout va bien, c’est d’épouser dans sa structure-même l’idée que tout s’achète : la drogue dans le récit se mue en la plus sucrée des guimauves, celle qui colle aux doigts et provoque l’obésité d’un spectateur dégoûté devant une telle avalanche de bons sentiments. Les enjeux politiques et sociaux en pâtissent, et tout finit par fondre comme neige au soleil. Dommage car le regard que porte le réalisateur sur le milieu qu’il investit laisse éclater en creux des constats bien sentis sur notre société contemporaine et l’hypocrisie qui y règne.