Je viens de revoir Juste la fin du Monde de Xavier Dolan que je n'avais pas revu depuis sa sortie en salle, et je dois dire que je suis vraiment contente de l'avoir revu après tout ce temps car la première fois, je n'avais apprécié le film que moyennement et étant une grande fan du réalisateur j'avais été un peu déçue.
Aujourd'hui j'ai redécouvert le film pour ce qu'il était, pas comme "le nouveau film de Xavier Dolan", mais comme pièce unique, sortie de son contexte promotionnel et étouffant, et laissant au placard tout ce que j'avais projeté à l'époque sur ce que pouvait être le nouveau chef-d'oeuvre du jeune prodige: un film qui ne pouvait forcément que me plaire puisque j'avais adoré tout ses films antérieurs.
Résultat particulièrement agréable, dépassée la frustration... et dépassons ce que nous pensions connaitre du cinéma de Xavier Dolan. J'étais tombée dans le piège du schéma classique d'un artiste victime de son succès, je me suis habituée à vouloir recevoir ce à quoi je m'attendais, habituée à satisfaire mes envies... mais en fait non, ce n'est pas de cela qu'il s'agit! Xavier Dolan ne change pas, il évolue et son oeuvre grandit. Xavier Dolan ne trahit pas, Xavier Dolan dévoile de nouvelles choses, à dire, à exprimer. Il ne rompt pas, il essaye, il joue, il façonne... Juste la fin du monde n'est pas un "Xavier Dolan décevant" (comme je l'avais pensé), Juste la fin du monde est un excellent film, qui nous prouve que le réalisateur ne se limite pas à un moule cinématographique et qu'il n'est au contraire encore qu'aux prémices d'une grande oeuvre qui se promet riche en bouleversements que j'ai hâte de découvrir!
Pour parler plus du film (quand même), j'ai eu l'impression en le revoyant que la pièce en question était la mise en scène métaphorique du deuil, chaque personnage incarnant en fait l'un des 5 stades:
- le déni : la mère
- la colère : le frère
- l'expression : la soeur
- l'acceptation : la belle-soeur
- la dépression : Louis
Mais c'est une interprétation parfaitement personnelle, qui je trouve se vérifie.
J'apprécie particulièrement la façon dont Dolan cadre au plus près de l'intime, jusqu'au grain de peau (et de poussière) près. Le montage est exceptionnelle et joue avec le temps (temps: question très importante dans le film, qui régie tout: A quel moment dire ? A quel moment se taire ? A quel moment écouter ? Y aura-t-il d'autres moments ? ... ). La photographie est juste magnifique, et les personnages haut en couleur sont tous passionnants (et passionnés ! traversés par des émotions violentes difficiles à rationaliser). Bref, un film très fort en émotions sur la question des secrets de famille, des tabous, des non-dits... et de l'amour parfois inexprimable.