Que dire de ce film, si ce n'est que c'est sûrement celui pour lequel j'ai eu le plus de mal à donner une note définitive ? Le fait est que je ne sais pas quoi penser de ce film et ce pour plusieurs raisons. Capable d'alterner le sublime comme le grotesque, de proposer des performances d'acteur éblouissantes mais aussi gênantes; mon premier visionnage de''Juste la fin du monde'' sera marqué d'un point d'interrogation.
L'histoire, adaptée d'une pièce de théâtre, nous propose d'accompagner un écrivain dans la trentaine, retournant parmi les siens au bout de douze ans, pour annoncer à ces derniers sa mort imminente. La première scène dans l'avion, d'où est tirée l'affiche du film, est tout simplement magnifique, mais hélas, est rapidement suivi par la première apparition de la famille qui contient les défauts du film, à savoir des cris, des dialogues tout droit sortis d'une cour de récrée (mention spéciale à Léa Seydoux en mode ''école de la vie'').
Et tout est résumé dans les dix premières minutes, le film oscille entre scènes presque burlesques et des scènes plus intimistes et beaucoup plus calmes. Alors oui, c'est là un des ressort majeurs de ce film, montrer la désunion lors de la réunion des personnages, où chacun joue son rôle comme dans une comédie de boulevard; et que la vérité n'est que partiellement atteinte que lorsqu'il n'y a que deux personnages et aucun public. Mais le contraste est peut-être trop fort, et les insultes qui fusent, si elles peuvent arracher un rire, atténuent justement le propos du film, Vincent Cassel ainsi, devient une sorte d'hommage maladroit à Michel Audiard façon ''Banlieue 13''.
On pourra aussi noter la dernière scène du film avec cet oiseau qui se meurt (en image de synthèse pas très réussie d'ailleurs), qui vient comme un bon gros trait de surligneur pour expliciter le propos du film, ce qui n'avait franchement pas raison d'être.
Mais à côté, il y a des pures moments de cinéma, ce jeu de regard entre Gaspard Ulliel et Marion Cotillard, ce clin d’œil entre les deux frères, et puis surtout Gaspard Ulliel tout simplement. Il porte véritablement le film et sa présence à la caméra est presque magnétique, et pourtant son rôle est tout en retenu, mais il est parfait de justesse et est bouleversant.
C'est peut-être ça qui a manqué, à certains moments, à Xavier Dolan pour faire de ce film un immanquable, un peu de justesse.