La tâche était ardue, pour ne pas dire impossible. Comment rebondir après le raz-de-marée Mommy, et ce succès grand public salutaire ? Fallait il poursuivre ce chemin de traverse, ou alors, consommer la rupture avec la renaissance d'un cinéma "Dolanien", au risque de se fâcher avec un grand nombre d'aficionados ?
JUSTE LA FIN DU MONDE ouvre la porte à un nouveau cycle, à une maîtrise de plus en plus chirurgicale. Le dernier long métrage du québécois est une détonation, une déflagration qui laisse déconfit, assommé par le coup de massue qu'il assène. Cette caméra, aussi proche des visages, soit-elle, interroge sans cesse la distance entre ces êtres, appartenant, pourtant, au même cadre familial. Il y a le texte de Jean-Luc Lagarce, certes, mais il y a aussi, la mise en scène de Xavier Dolan, percutante. Ses mimiques clipesques perdurent, ses choix musicaux, aussi. Qu'importe, JUSTE LA FIN DU MONDE nous transporte dans l'enfer des non-dits.
Alors que la pression s'accentue au fil des minutes, le cocon familial semble s'embraser devant la progression des ténèbres. Une dernière séquence impressionnante, un climax qui raisonne, à coup sûr, comme le dernier soubresaut avant l'Apocalypse.