Je tiens à souligner l'audacieuse prise de risque de Xavier Dolan pour ce film qui, il le savait, serait très attendu par le public. Il faut le dire, sa forme est originale : une pièce, respectant une unité dramatique, de temps et d'espace, narrant les retrouvailles d'un fils (plutôt poète) avec le reste de sa famille (plutôt brutale) après de longues années d'absences... Malgré tout, je n'ai pu accrocher totalement au récit, souvent freiné et dont le but reste pour moi encore abstrait.
Je parle de freinage dans le déroulement de l'histoire pour qualifier certaines fautes de rythmes selon moi situées vers le milieu du film. Le temps se rallonge à force d'entendre les mêmes dialogues, stériles et entrecoupés de tics de langage, qui n'aboutissent qu'à des engueulades. Pour remédier à cela, je pense qu'il aurait du y avoir plus de réactions en chaines, de révélations, de réelles concessions, comme on peut le voir dans J'ai tué ma mère. Mais Juste la fin du monde est un film délibérément frustré, du souhait de l'auteur. Et malgré une histoire fortement chargée en émotions, les éléments narratifs n'y sont pas assez prenants, je n'ai pas réussi à éprouver l'envie de savoir ce qui se cachait dans le passé la famille mise en scène, sauf que tout le film repose là-dessus.
J'ai par contre beaucoup apprécié le début du film et sa toute fin, bien plus ésotériques mais pas moins réels que le reste du film. Un personnage, isolé, immaculé par l’atmosphère couleur/texture qui l'entoure, surpris dans une intériorité riche en symboles et révélant implicitement chaque part de ça personnalité. D’ailleurs, c'est bien dans ce registre que Dolan s'épanouit esthétiquement ! Ainsi, j'ai vraiment eu l'impression que la partie "repas de famille" était réservée aux acteurs, à Vincent Cassel, à Léa Seydoux, à Cotillard et Nathalie Baye. Tandis que le côté "souvenirs du passé" appartenait quant à lui au réalisateur, par le biais du personnage de Louis (caractérisé par l’incapacité à s'exprimer auprès de sa famille mais s'évadant, seul, par le biais de son imaginaire).
En bref, dommage que le film soit une engueulade continue d'une heure trente, car le film révèle des passages d'une grande beauté !