Juste La Fin du Monde, inspiré de la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, transformée en huit clos oppressant par Xavier Dolan, est sans aucun doute une adaptation réussie. Le réalisateur ayant clairement affirmé qu'il recherchait à garder le même texte en faisant le minimum de modifications, c'est là que les critiques doivent être différenciées entre l'histoire et la réalisation. Du point de vue cinématographique, le film est selon moi excellent dans la réussite de la transmission d'une ambiance et d'un sujet et dans la performance de ses acteurs.
Ce film traite des relations familiales d'une manière brute et centrale : le film se découpe en acte comme le ferait la pièce: chaque personnage est caractéristique et tiens une idée le long du film qu'il transmet à Louis comme une tribune qui lui permet de s'exprimer dans cette famille qui l'étouffe. L’étouffement est d'ailleurs représenté par la réalisation avec le gros plan : je dirais facilement que 85% du film est en gros plan. Le reste se partagerait entre les plans d'ensemble qui introduisent les scènes et quelques plans au buste pour montrer les relations entre les personnages
(dans la voiture Louis/Antoine, l'etreinte Louis/Mere (relation chère à Xavier Dolan)
Le jeu d'acteur est impeccable et la lumière décrit parfaitement une ambiance oppressante..
Ce qui m'a alors principalement dérangé dans le film, c'est l'histoire en elle même, Xavier Dolan n'ayant alors rien à voir avec ça. Les personnages sont les mêmes du début à la fin de l'intrigue, rien n'a changé, chaque chose reste la même. En plus de ça, Louis ne doit clairement pas prononcer plus de 500 mots dans le film, mais son jeu d'acteur et ses expressions faciales traduisent exactement ce qu'il y a à comprendre : mais lui non plus n'évolue pas. La scène finale épatante clos le film d'une telle manière qu'on en a le souffle coupé; il n'y a rien à ajouter tant cette scène clôture l'histoire comme on ne pourrait le faire autrement, mais elle laisse pourtant une impression de non-dits obsédante : la violence d'Antoine est confirmée par ses marques sur les phalanges lorsqu'il manque de frapper Louis : Que frappe t'il? Qui frappe-t-il? Les marques de Suzanne dans son cou sont elles des indices? De quoi meurt Louis? Des questions qui n'ont pas pour but d'être résolues..
Quelques mois plus tard je relis cette critique et ayant grandis et vu beaucoup d'autres choses, je pense que cette fin très ouverte ne me dérangerait plus le moins du monde car l'important n'est pas toujours, voir rarement la fin d'un film, mais plutôt tout ce qui mène à celle ci.