Tu crois pas que t'en fais un peu trop là, Xavier ?

L'espèce d'extase qui tourne autour de ce cher Monsieur Dolan, consistant à le considérer comme "le nouveau prodige du 7ème Art" est clairement détestable, comme si on centrait notre fascination plus sur le personnage qu'il est que sur ses œuvres. Je n'ai pour ma part vu que "Mommy", son dernier long-métrage, qui m'avait assez plu, je dois bien le dire...mais qui d'après moi était loin de mériter tout le tintamarre médiatico-critique qu'il a reçu, parce-que quand on lit des trucs du genre "Dolan réinvente le cinéma", il y a de quoi se poser des questions sur le degré de connaissances en la matière du critique en question (et il n'y a aucun prétention de ma part là dedans).

Toutefois, ce nouveau film m'intriguait, malgré le fait que je n'ai vu aucune bande-annonce ni rien. Alors qu'en est-il de ce "Juste la fin du monde" ?

Si j'avais apprécié Mommy pour son coté réaliste, je dois admettre que ici, on est face à un vrai problème d'égo (qui découle peut-être de ce dont j'ai parlé plus haut, je ne sais pas). Ce qui était intéressant dans Mommy, c'était ça, c'est que "ça faisait vrai", on y croyait.

Je dois bien admettre que Xavier Dolan a un réel talent d'écriture. Les personnages sont assez géniaux, tous très intéressants. Les dialogues aussi...Non franchement à ce niveau là, c'est très bien fait ! En plus, sublimé par des acteurs talentueux (Je tire d'ailleurs mon chapeau à Vincent Cassel, brillant dans son rôle du frère aigri et colérique). Non vraiment, théâtralement c'est génial (d'ailleurs, c'est une adaptation de pièce de théâtre... et je crois enfin comprendre une chose)

Le matériau de base est excellent, la journée en famille, le cadre de la maison, etc. Mais le problème est tout simplement au niveau de ce que Dolan apporte, c'est à dire la réalisation.
Est-ce que c'est vraiment du à un problème d'ego ? Je ne sais pas... En tout cas ça semble prétentieux du tout au tout. Pourquoi ?

Tout simplement parceque Monsieur Dolan en beaucoup trop ! Je m'explique : On a un cadre donné, une journée en famille au sein de la maison, des rapports humains entre frère/sœurs et mère. On est dans le "cocon" familial et on assiste à des retrouvailles. Tout cela se prête qu'à une seule chose : L'intimité ! Et c'est précisément ça que Xavier Dolan a oublié en réalisant ce film ! Il a oublié qu'il filmait une famille dans son foyer, une famille avec tous les rapports complexes qu'elle peut comporter. Mais (pardon de me répéter) il en fait beaucoup trop ! Il y'a trop de musique, les plans sont "trop" beaux (je sais, c'est étrange de dire ca) trop travaillés, trop esthétiques ! Le montage est trop rapide, trop millimétré !

Si tu veux rentrer dans l'intimité des gens, dans la subtilité entre les rapports humains, si tu veux instaurer une atmosphère pesante, il faut des moments de silence qui durent, qui trainent en longeur, histoire qu'on rentre dans les personnages ! Le problème c'est que là, la musique met une barrière, et contrairement à Mommy, ça ne fait pas vrai. Le montage ne nous laisse pas le temps d'être vraiment crispé, il est bien trop précis, bien trop rapide ! Et pourquoi faire des plans aussi esthétiques ? Ce ne sert à rien de faire des gros plans sur les visages des personnages pendant les discussions pour qu'on essaie de rentrer un peu en eux, si tu nous fous des violons derrière, ca casse tout, on y croit plus, il n'y pas plus de tension !

La réalisation aurait du être plus simple, moins superficielle. Alors bien sur y'a des scène ou commence à se crisper un peu comme le plan séquence dans la voiture avec Cassel, mais à ca que le film aurait du ressembler ! Le reste du temps, c'est trop travaillé, trop esthétisé pour qu'on y croie.

Alors, est-ce la de la prétention qui consisterait à dire "Oh t'as vu comme je peux faire des jolis plans en filmant mon personnage de près ?", je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, c'est dommage, une réalisation moins tape-à-l’œil aurait mieux servi le propos du film.

Je suis un peu déçu.

PS : Blague à part, mais arriver à placer du O-zone dans un film en 2016, chapeau.