Dans tous ses films, Dolan parle des difficultés relationnelles plus ou moins pathologiques de ses protagonistes. Ici, c'est poussé à son paroxysme dans un dîner de famille. Louis, le cadet de la famille, revient après 12 ans d'absence pour apporter une nouvelle importante. Dès qu'il passe la porte, on sent tout ce petit monde bien mal à l'aise. L'une parle pour ne rien dire, l'autre bafouille, le dernier engueule tout le monde, Louis ne fait pas des phrases de plus de trois mots. Et ça a l'air de continuer... mais quand vont-ils briser la glace ?
Bien sûr, au travers de ses gros plans, de ses mouvements de caméras, Dolan sait filmer, sait magnifier un instant t. Bien sûr, dans les échanges absurdes, houleux ou juste maladroits, joués avec une justesse impressionnante, il est difficile de ne pas retrouver des situations qu'on a soi-même vécues, et de s'y identifier.
Le huis clos devient vite étouffant. D'étouffant, il en devient asphyxiant. Il n'y a pas de crescendo ni même de progression, on fait du sur-place. La forme est sans cesse privilégiée au fond. La bande-son est racoleuse et grandiloquente comme la mise en scène. Le pathos déborde de partout. On commence à se dire qu'un court-métrage aurait suffi. Très court le métrage. Un clip, oui. Tiens, comme celui que Dolan a fait pour Indochine.