Justice est faite
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Très fort, j’ai adoré.
Je suis globalement assez friand des films de procès, toujours propices à de grandes envolées et joutes verbales – et ainsi de grands numéros d’acteurs –, mais je dois bien dire que celui-ci m’a laissé sur le cul.
Autour d’un cas pour le moins délicat (d’entrée de jeu déjà, puis de plus en plus au gré des révélations successives que déploie le procès/film), convoquant rien de moins que le sujet – toujours chaud bouillant soixante-treize ans plus tard – de l’euthanasie, Cayatte nous plonge en réalité dans les coulisses d’une cour d’assises et par là même dans la vie privée de chacun de ses jurés qui, entre deux séances au tribunal, doivent gérer leurs soucis personnels… des plus triviaux aux plus graves.
Le projet étant ici pour l’avocat de formation qu’est Cayatte de pointer du doigt les limites du système judiciaire, et en l’occurrence de la composition puis de la délibération d'un jury de cour d'assises, comme du principe d'intime conviction (et on rappelle à toutes fins utiles que la peine de mort est alors en vigueur en France – et envisagée en l’espèce). Des sujets passionnants (à mes yeux) qu’il réabordera d’ailleurs vingt-cinq ans plus tard dans son Verdict, autrement plus invraisemblable mais très bien aussi (quoiqu’un peu moins que celui-ci, à la réflexion).
Et là où ce Justice est faite est génial, c’est que le film brille autant dans ses scènes au tribunal (« trop rares » aurais-je envie de dire par pure gourmandise ; mais en fait non, soyons honnêtes, elles sont parfaitement dosées), que dans ses scènes de vie privée de ses jurés. Chacun de ces personnages existe, chacun a ses – petits ou gros – soucis à lui, et tous sont autant d’arcs narratifs intéressants. Ma préférence allant tout de même sans hésiter à celui de Noël Roquevert (dans un rôle formidable de Noël Roquevert), à la fois le plus drôle du film, mais aussi le plus émouvant in fine, avec sa conclusion d’une douceur absolument désarmante.
Je cite Noël Roquevert, mais tout le monde est absolument parfait dans son rôle, dans son style ; pas une seule fausse note, le film est dialogué (par Charles Spaak) et interprété (par tous) aux petits oignons, cela au service d’un cas passionnant, parce que pour le moins complexe (qu’aurais-je voté in fine… ?). Jusqu’à son final poignant, qui m’a laissé la gorge nouée et le palpitant bien éprouvé.
Bref, une réussite à tous les niveaux, que je recommande chaudement ! Mon premier coup de cœur de cette année 2023.
Créée
le 15 janv. 2023
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