Quand le générique de fin a commencé à se dérouler, j'étais mitigé. Mes amis, eux, ont détesté. Et leurs arguments coïncidaient à peu près avec les défauts que j'avais pu soulever : trop d'humour, une construction qui reprend celle d'Avengers (une équipe de héros qui ne se connaissent pas et qui doivent apprendre à travailler en équipe), une intrigue parfois incohérente,
un superman méchant cinq minutes,
un antagoniste en carton-pâte
(qui se fait défoncer par superman), une bataille finale décevante qui se passe dans le trou du cul du monde de la Russie
, un manque de drama qui découle des deux points précédents. J'étais d'accord avec ces points, et pourtant, à la fin de la séance, j'étais mitigé, je n'avais pas détesté, ni particulièrement aimé non plus. Cette critique aura donc pour but de comprendre quels points positifs j'ai pu trouver à ce film pour ne pas avoir été aussi déçu que certains ont pu l'être.
La chose, ou devrais-je dire le personnage, qui m'a le plus marqué est sans doute Aquaman. J'ai aimé son interprète, Jason Momoa, son charisme, sa prestance, ses punchlines, l'univers qui l'entoure (Atlantis mais surtout le village de pêcheurs). Je n'attends qu'une chose : la sortie du film Aquaman.
Un mot me fait tilté, « prestance ». Je ressens la même chose pour Superman, Batman et Wonder-Woman. Ces personnages ont quelque chose de grand, de mythique que les héros de Marvel (dans les films tout du moins) n'ont pas. Cela tient évidemment dans les origines de ces personnages : l'un est Atlante, l'autre une Amazone et le dernier un Kryptonien. Quand à Batman, il est le symbole de l'homme qui se bat aux cotés des Dieux. Cette iconisation des personnages ne serait cependant pas visible sans la réalisation de Snyder, qui n'a de cesse de les mettre en valeur, trop peut-être, sans doute même, au détriment de l'antagoniste. Que ce soit lors des scènes qui introduisent Batman, Wonder-Woman et Aquaman,
lors du (trop) rapide affrontement entre la Ligue et Superman
ou lors de la bataille finale, ces super-héros ont quelque chose d'épique, tout est fait pour les rendre grands et cool. Hélas le côté épique d'une aventure repose surtout sur les péripéties que les héros ont à affronter, et dans ce film, les péripéties manquent cruellement.
Pourquoi manquent-elles ? Notamment parce que le film doit passer la moitié de son temps à présenter ses nouveaux héros. Là où Avengers n'avait pas à le faire parce qu'ils avaient tous étaient préalablement introduits dans leurs films éponymes, ici, on doit présenter trois héros sur six (tout en continuant à développer les trois autres). On n'a pas le temps de développer l'antagoniste et, puisque le film ne dure que deux heures, il ne reste que peu de temps pour la bataille finale
(sans compter qu'il fallait aussi s'occuper de la résurrection de Superman au milieu du film).
Ce film est en fait plus une présentation des membres de la Justice League qu'un véritable film Justice League, en espérant que le II nous présente de plus grands enjeux.
Justice League étant la conclusion de cette première partie de l'univers étendu de DC, quand est-il de la continuité vis à vis des précédents films ? Tout d'abord, on retrouve les mêmes thèmes que dans Man of Steel, BvS et Wonder-Woman (Suicide Squad ? Désolé, jamais entendu parler) : l'amour comme moteur de l'action des héros, la difficulté de faire les bons choix et la comparaison de ces méta-humains avec des demi-dieux.
L'évolution de ces personnages est aussi très intéressante dans ce film. Superman, tout d'abord. Dans Man of Steel, il a à choisir entre les humains et les kryptoniens et décidera d'être un héros défendant la Terre. Dans BvS, il devra faire face à la difficulté d'être un « dieu parmi les hommes », de faire des choix qui pourront avoir des répercussions négatives, il doutera de son utilité pour ce monde mais finira tout de même par mourir pour sauver notre planète. Dans Justice League, il est plus que jamais le symbole de la justice et de l'espoir. Le monde semble vaciller après sa mort (montrer par un magnifique générique de début)
mais quand la Justice League se refonde, il ressuscite : la justice et l'espoir renaissent. Lui qui était « prêt à mourir » dans BvS pour citer l'homme de la montagne, à fuir ses responsabilités de sauveur de ce monde, il est de nouveau rappeler pour se battre. Au final, c'est l'amour qui va lui faire réaliser qu'il ne doit pas mourir, qu'il doit défendre ce monde. Son évolution est achevé, il est dorénavant le superman invincible des comics, ridiculement puissant (aussi rapide que Flash, plus puissant que Wonder-Woman et Aquaman réunit, il maîtrise dorénavant tous ses pouvoirs tel que le souffle de glace, il défonce l'oncle de Darkseid en cinq minutes avec le sourire). Il est cependant dommage qu'il redevienne gentil si vite, durant toute la bataille finale, on se doute en effet que Superman va intervenir pour sauver la situation, ce qui nous empêche d'être inquiet pour le sort de la Terre. La manière dont il recouvre sa raison est parfaitement logique. Elle fait suite à BvS et au moment où Flash débarque pour dire à Bruce que Lois Lane est la clé. Mais elle est logique au sein du film lui-même : Batman a l'idée de faire intervenir Lois car il commence à comprendre ses erreurs, il comprend que l'amour doit être le moteur de la Justice League.
L'évolution du personnage de Batman est donc aussi très intéressante. Le loup solidaire à moitié fou après avoir passé sa vie à se battre à Gotham doit faire équipe avec d'autres justiciers. Il doit se racheter de ses erreurs dans BvS, faire face à sa culpabilité dû au fait qu'il n'a pas cru en Superman.
Le fait qu'il dise que Superman a été plus humain que lui montre à quel point il avait tort dans BvS (ce qui embête bien les détracteurs de Superman et admirateurs de Batman). Et non, désolé, Superman ne peut être la marionnette de Steppenwolf et se mettre à tuer des humains (contrairement à ce qu'on a vu dans le rêve de Batman dans BvS et que j'aurais initialement voulu voir dans Justice League). Cela signifierait que Batman avait en fait raison dans BvS alors que tout Justice League vise, pour Batman, à se racheter. Superman, symbole de la justice, de l'espoir et de la paix ne peut servir le mal.
Oui, j'adore le superman de Zack Snyder. Henry Cavill EST Superman et il reste le personnage principal de la trilogie de Snyder. Et oui, Batman est moins sombre que dans BvS. Évidemment qu'il l'est moins, il ne pourrait fonder la Justice League en restant replier sur lui-même. Les personnages doivent évoluer, contrairement à ceux de Marvel qui restent les même depuis dix films. Même Lois Lane, que je déteste dans Man of Steel à cause de sa prétention, m'a paru ici plus sympathique, plus humaine. Alors qu'elle est montré comme la journaliste d'investigation qui n'a peur de rien dans MoS, elle n'arrive ici pas à se remettre de la mort de son bien-aimé et refuse de retourner sur le terrain. Quant à Wonder-Woman, les dilemmes qu'elle a à affronter sont proches de ceux de Batman. Elle doit se racheter de ses cent ans de silence, elle doit tourner la page sur ce qui s'est passé durant la WW1 et doit, tout comme Superman, assumer de faire des erreurs et tenter d'être un leader.
Alors, depuis le départ, je n'ai pas parler de Flash et de Cyborg. Pour ce dernier, je n'ai rien de particulier à dire sur lui, il ne m’intéresse pas plus que ça mais n'est pas détestable pour autant, contrairement à Flash. Désolé mais je préfère mille fois le Flash de la série TV que celui là. Il ne sert qu'à faire des blagues, enlevez le et vous enlevez 75% des blagues du film. Je le trouve lourd et crétin.
Seul ses affrontements directs ou indirects avec Superman m'ont fait sourire (en plus de l'échange qu'il a avec Batman quant aux pouvoirs de ce dernier mais qu'on connaissait déjà par les bandes annonces).
Voilà, voilà, en écrivant cette critique, je me suis encore plus rendu compte que ce film était intelligent. Oui le méchant est inintéressant, oui les enjeux autour de lui sont inexistants. Mais le film n'est pas tourné sur cette menace. Il est tourné sur les héros de la Justice League, en particulier sur Batman, Wonder-Woman et surtout sur Superman. Dire qu'il n'y a pas d'enjeux reviendrait à dire que les enjeux sur leurs évolutions ne sont pas présents alors que si, justement, le film se concentre sur eux. Dans une histoire, les personnages doivent généralement régler leurs conflits intérieurs pour régler ensuite le conflit extérieur. Dans Justice League, les conflits intérieurs sont archi-intéressants. Hélas le conflit extérieur n'est pas à la hauteur, la bataille finale étant insignifiante
comparée à celle qu'on nous montre au début entre l'union des humains, des atlantes, des amazones et même des extra-terrestres contre Steppenwolf, bataille qui rajoute à la dimension épique du film
(une demi-heure en plus pour développer le méchant et nous le montrer comme véritablement dangereux n'aurait peut-être pas été de trop). Cette dimension épique, à défaut de l'avoir durant la bataille finale, est toute fois rendue visible par la manière de filmer ces héros, que dis-je, de ces demi-dieux. J'ai eu l'impression de voir une fresque peignant des dieux, tout comme dans BvS lors de l'affrontement final contre Doomsday. Mais on nous les montre tellement comme surpuissants qu'il est impossible d'avoir peur pour eux. En espérant donc avoir cette bataille finale épique dans le prochain Justice League.