La Ligue de Justice. Cet ensemble de super-héros qui protège notre planète bleue. Un comic qui est une pierre angulaire de l’univers DC, et même du monde des bandes dessinées américaines en général. L’adaptation de ce monument est un pari risqué. D’autant plus quand on y prend des risques ! DC allait-il continuer sur sa lancée ou prendre un virage narratif ? Beaucoup d’attentes ont été mises dans ce blockbuster, ce qui suscitera beaucoup de déception. Et aussi moultes joies. Alors, qu’en est-il ?
Pour se mettre en appétit en vidéo mon impression à chaud sur ma page FB
Un acte de foi
Les humains sont perdus, il faut les pardonner car ils ne savent pas ce qu’ils font. Dès le début du film c’est ce qui est, en substance, montré avec une séquence au ralenti où prend place la tension ordinaire dans les rues d’une ville américaine. Commencer un film de super-héros de manière aussi triste est déjà une prise de risque et rappelle le début de Batman v. Superman. D’ailleurs la lignée christique amorcée dans ce dernier se poursuit ici avec le malin qui rôde dans la peinture sombre de l’humain qui nous est en effet dépeinte. Et pourtant le monde entier est en deuil. En deuil d’un symbole, d’un extra-terrestre plus humain que certains humains comme Bruce Wayne le dit lui-même, de lui-même. Pour gagner à nouveau cette humanité, il faudra alors le ressusciter. Le faire ressusciter. Car Superman n’est pas le Fils de Dieu. C’est la naissance d’une équipe, son énergie qui va le faire revenir, bien plus que l’artefact appelé Boite-Mère. Car c’est bien l’action commune des autres personnages qui permet ce retour. Leur foi.
DC reste DC : un film « comic », pas comique
Sur la direction adopté formelle, on pouvait légitimement avoir des craintes. DC allait-il finalement s’inspirer plus de ce que fait le grand rival, Marvel, et construire une œuvre avec plus de gags ? Eh bien non. Au contraire il s’appuie sur une formule vieille comme le cinéma, appelé outre Atlantique, le « comic relief ». C’est à dire le fait d’avoir un personnage dont une des fonctions est de faire de l’humour pour que la tension se relâche et puisse être optimale quand il n’est plus présent. Les autres personnages aussi font preuve de touches humoristiques mais de manière bien plus épisodique. Ce même personnage, The Flash, n’est, de surcroît, pas uniquement présent pour nous faire rire. Il participe à l’évolution de l’histoire et combine ses pouvoirs avec les autres afin de créer un nouveau résultat. En cela, le matériau-source est bien présent. L’esthétique se veut « comic », encore plus que dans Wonder Woman. Certains plans sur elle, comme le premier où elle apparaît, cheveux aux vents sur une statue de la justice, paraît directement transférer d’une vignette de papier ! La direction visuelle artistique DC a décidément plus de personnalité que celle Marvel. (Pour aller plus loin sur ce point, même si pour ma part, le traitement DC s’oriente dans la bonne direction pour les mêmes raisons évoquées dans la vidéo suivante) : Le problème avec le look du DC Extended Universe ?
Les scènes de combat, quant à elles, jouent le spectaculaire, le combat des dieux. Et c’est bien normal car le « villain », Steppenwolf, est issue d’une ancienne mythologie et obéit à sa « mère » afin de rejoindre les Nouveaux Dieux, allusions aux New Gods dont fait partie Darkseid, futur adversaire de la Justice League.
Le cadrage, comme évoqué plus tôt, tente continuellement d’être proche d’une vignette sauf dans les scènes d’action où les mouvements virevoltants priment.
Enfin la musique est le pêché mignon du film et réchauffera le cœur de ceux qui ont vu notamment les Batmans de Tim Burton. En effet Danny Elfman recycle sa propre musique avec malice. Rien de grandiose donc, mais à part le thème de Wonder Woman, et peut-être de Captain America : The Winter Soldier, cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de thème très reconnaissable dans le genre super-héroïque.
Origins Stories ?
Ce qui apparaissait comme la plus grade difficulté était la présentation de pas moins de trois personnages nouveaux qui allaient rejoindre la trinité. Sur ce point la décision a été prise de s’en tenir au minimum. Ce qui frustrera certains. Et c’est peut-être un but secondaire. En effet, de l’autre côté de le frustration, il y a le désir. Ici, l’envie de voir les films solos de chacun des nouveaux arrivants. Car finalement la seule nouvelle histoire d’origine racontée ici c’est seule du méchant. Celle-ci est prétexte à montrer des scènes de batailles, et faire des clins d’œil. C’est agréable à voir, et jouissif pour un connaisseur mais cela est aussi une des raisons qui font que l’opposant principal est relégué au second plan et qu’il est monolithique. Si un méchant intéressant apporte toujours quelque chose à un scénario, l’important n’est pas là. En effet Steppenwolf est l’amorce qui va bâtir la Justice League. C’est dans l’adversité qu’on s’unit. Procédé classique, mais qui provient directement des comics et même des mythes. Pourquoi s’en plaindre ?
En résumé, il s’agit d’un objet plus mature même si perfectible, notamment pour donner plus de substance à l’histoire elle-même et aux antagonistes chez DC en général. Certaine aspects de l’histoire sont parfois posés comme un état de fait, sans beaucoup d’explications. Ces quelques défauts ne gomme pas le plaisir de retrouver nos héros de papiers à l’écran dans ce qui devrait être la première pierre vers un univers plus sombre, plus bizarre, de super-héros que celui de Marvel. L’avenir le dira.
Addendum :
Note sur le phénomène critique et social autour du film :
La folie autour de DC, la fanatisme narcissique et pervers continue son chemin :
Pétition incroyable (en anglais) : Zack Snyder's Director's Cut and Tom Holkenborg's (Junkie XL) Score for Home Release.
C’est l’expression de la volonté humaine qui se veut la plus totalitaire et pense qu’elle a le droit et le pouvoir de s’imposer comme elle veut. Ce n'est pas aux fans de décider de comment doit être tel ou tel film ! Ils sont déjà suffisamment écouter à travers les screen tests, les réseaux sociaux, les sondages d'opinions etc ... On croit connaître les choses aujourd'hui à cause d'un soi-disant déluge d'informations. Personne ne connaît vraiment les affres de la production. Un film se regarde, se critique, on aime ou on aime pas. Sa production appartient aux studios, artistes etc ... Comme disait Sam Mendes à propos du choix du nouveau James Bond, discuté à tort et à travers sur les réseaux sociaux : « James Bond n'est pas une démocratie ». Marvel ou DC non plus. Lâcher prise, la vie est aussi en dehors d'une salle cinéma ou d'une B.D
Bien sûr chacun peut faire comme il veut. Mais il faut garder en tête les conséquences sur son propre psyché et vie spirituelle. Notre époque voit des changement invisibles qui se manifestent parfois de manière violente. Et cette propension à mettre DC au fond du trou à chaque film que le studio produit, soulève des interrogations au-delà des films eux-mêmes, et ce, jusque dans les tréfonds de nos névroses et de nos interrogations sociales. Bon film à toutes et à tous.